La mélancolie de Lisbonne plaît à Alger l Lundi soir, le concert fado de la Portugaise Térésa Lopès Alvès a attiré les grandes foules à la salle Ibn Zeydoun, au complexe Riad El Feth, à Alger l Même les allées de la salle étaient occupées ! La soirée, organisée à la faveur du 12e Festival culturel européen d'Algér, n'a pas déçu les présents. Accompagnée de deux guitaristes, Térésa a emporté les présents sur les vagues suaves du fado, ce chant traditionnel portugais qui concentre toute l'âme de la nation de Amalia Rodrigues. Un chant qui «voyage» à travers les célèbres quartiers lisbonnais de Castelo, Madragoa ou Mouraria. Tantôt grave, tantôt gaie, la voix de Térésa Lopès Alvès a su restituer les «tourments» du fado. L'amour blessé, les blessures du vécu, le chagrin, et, bien sûr, la saudade. «Saudade» qui ne trouve pas encore de traduction en français ou en arabe. C'est un mélange de tristesse profonde, de nostalgie et de sentiment d'abandon. Le chaâbi algérien reprend, d'une certaine manière, cet état d'âme à partir de l'héritage andalou. La Cap-Verdienne, Cesaeria Evora, a rendu célèbre le mot autant que la culture dérivée du fado (la morna). Amalia Rodrigues, la reine incontestée du fado, décédée en 1999, disait que saudade était «une épine amère et douce». Même si le dictateur, António de Oliveira Salazar, en fait «un chant national» pendant les 36 ans de son règne à partir de 1932, le fado est resté la musique préférée des Portugais. Les circonstances de sa naissance ressemblent beaucoup à celles du raï algérien. Les deux musiques sont nées dans les milieux du jeu, des joies de nuit et de l'anticonformisme. «La musique berbère ressemble au fado» Comme le raï, le fado a été qualifié à ses débuts de «chant subversif», «immoral»… «Nous avons des similitudes culturelles. La musique berbère ressemble au fado», nous a confié Térésa Lopès Alvès, s'exprimant dans un parfait anglais. Elle était sous le charme du public. «Je suis agréablement surprise. Le public algérien est merveilleux. Je pensais que les Algériens étaient des gens durs et sévères. Et je me rends compte du contraire. A mon arrivée à l'aéroport, les gens me souriaient naturellement. Cela me faisait chaud au cœur», a-t-elle ajouté, avant de recevoir les félicitations de José Moreira Da Cunha, ambassadeur du Portugal à Alger. Après le Maroc, l'Algérie est le deuxième pays africain visité par cette artiste de 31 ans. Térésa Lopès Alvès a interprété sur scène des extraits de son dernier album Reflexo, sorti en 2010, et des morceaux du patrimoine fadiste. «J'aime bien mélanger entre le fado traditionnel et le fado moderne. Je veux répercuter tout ce que j'écoute au Portugal», a-t-elle expliqué. La musique de Térésa Lopès prête, sans complexe, dans le riche répertoire brésilien et cap-verdien. Elle se sert aussi dans les plats fruités du jazz. L'artiste nous annoncé la sortie prochaine d'un nouvel album en septembre.