Le monde arabe est en ébullition. Les peuples bougent, se révoltent, réclament des changements, le respect de leur dignité. Malgré les révolutions, les dirigeants arabes restent de marbre et ceux qui ont abandonné le pouvoir l'ont fait, acculés par les volontés populaires. Certes, la Ligue arabe — fait unique dans ses annales — a adopté des sanctions contre le dictateur El Gueddafi, avec la notable opposition de l'Algérie et de la Syrie. On le doit surtout à Amr Moussa, son secrétaire général de l'époque, qui voulait se refaire une virginité en prévision des futures élections présidentielles en Egypte où il espère succéder à Hosni Moubarak. Depuis, cette Ligue est retournée à son ronron habituel, à ce rôle que lui ont assigné ses chefs, c'est-à-dire un syndicat de chefs d'Etat qui se soutiennent mutuellement contre leurs peuples. Ils ont condamné le tyran de Tripoli parce qu'ils le considèrent comme une brebis galeuse qui n'a jamais cessé de comploter contre eux. Aujourd'hui, le régime syrien commet à huis clos un véritable crime contre l'humanité. Pour contrer les aspirations démocratiques de son peuple, il a transformé celles-ci en conflit confessionnel. Pour cela, il utilise la minorité alaouite (12% de la population), qui a accaparé tous les rouages de l'Etat avec tous les privilèges que cela suppose, contre le reste du peuple. Le pouvoir baâssiste s'accroche alors qu'il sait pertinemment que son comportement est suicidaire, car il pourrait entraîner le pays dans une guerre civile et même son éclatement, un rêve que caresse Israël depuis sa création. Malgré l'horreur, les régimes arabes restent silencieux. Ils font preuve d'une criminelle insensibilité face au drame que vit le peuple syrien. Ils croient bêtement que leur silence les immunisera des révoltes arabes. Une politique de l'autruche qui finira par les balayer. Les réformettes mises en place ça et là n'arrêteront pas cette détermination de ces peuples à devenir des acteurs réels de l'Histoire. Heureusement que les pays occidentaux brisent la loi du silence et dénoncent les crimes en cours, ce qui contribuera certainement à freiner les ardeurs criminelles des autocrates arabes. Grâce à eux déjà, le peuple libyen a échappé au génocide et à l'enfer que lui a promis «le fou de Tripoli», comme l'appelait le défunt Anouar El Sadate. Le peuple syrien, lui, sait déjà qui sont ses alliés et qui sont ses ennemis. Parmi ces derniers, il y a les dirigeants arabes à cause de leur silence complice et qui rêvent que sa révolte soit matée rapidement.