Trois semaines après son hospitalisation au Val-de-Grâce (France), le président Bouteflika fait le menu des médias français hier. Chacun y va de son analyse, mais tous suggèrent une situation inquiétante sur son état de santé. Le Parisien, sous le titre « A Alger comme à Paris, on s'interroge sur Bouteflika », écrit que « même si le chanteur Cheb Mami a reçu hier l'autorisation de rendre visite, sans témoins, au président algérien hospitalisé à Paris depuis le 26 novembre, le mystère demeure sur son état. Et nul ne sait qui tient les commandes à Alger ». De même titre le journal Libération : « Inquiétude pour Bouteflika malgré le black-out médical ». « Si on observe le même black-out des deux côtés de la Méditerranée, on évite soigneusement, côté français, de se montrer aussi rassurant que les autorités algériennes », indique-t-il. Ceci avant d'ajouter que « le ton n'est pas à l'optimisme dans les hautes sphères françaises ». Ces sphères françaises, citées par Libération, notent que « les choses se stabilisaient dans le grave, mais qu'il était difficile de penser que celui-ci puisse reprendre des activités vraiment normales ». Le quotidien Libération (socialiste) publie, depuis lundi dernier, une série d'articles en quatre volets intitulée : « Sur l'état de santé de Bouteflika et la transition du pouvoir ». Le journal estime que les questions suscitées par la maladie de Bouteflika « concernent la gestion des affaires courantes du pays, durant l'absence du président algérien, laquelle risque d'être longue du fait de la nature de sa maladie ». L'absence de « nomination d'un vice-président qui expédie les dossiers du pays en attendant le retour du Président » est une de ces questions, selon Libération. « La maladie du ministre d'Etat à l'Intérieur, El Yazid Zerhouni, l'un des hommes forts de l'entourage du président algérien, n'a fait que multiplier les questions sur le successeur de Bouteflika », ajoute ce journal. Pour sa part, L'Express, sous le titre « Le mystère Bouteflika », estime que « l'éloignement prolongé (de ce dernier) de la présidence algérienne et le manque d'informations autour de sa disparition suscitent de nombreuses interrogations ». Le journal relève que « l'opinion publique et la presse algériennes s'inquiètent. Les rumeurs vont bon train, alimentées par un fameux précédent, la mort en 1978 du président Houari Boumediene que les autorités avaient, à l'époque, cachée ». Quant au journal Le Monde, il ne s'est pas empêché de titrer : « L'Algérie anxieuse s'interroge sur l'état réel de son Président ». « Pour la population algérienne, l'inquiétude est de deux ordres : quelle est la véritable nature de la maladie dont souffre le chef de l'Etat ? Que deviendrait l'Algérie au cas où il disparaîtrait ? » écrit ce journal. « En l'absence d'images télévisées montrant le Président convalescent, les rumeurs les plus alarmistes vont bon train », ajoute-t-il. Mais c'est Le Figaro qui choisit un titre carrément alarmant : « Le président algérien souffrirait d'un cancer de l'estomac ». Citant le Pr Bernard Debré qui, jeudi sur France Inter, évoquait cette possibilité, ce journal précise que « les propos du médecin, qui a soigné François Mitterrand pour son cancer de la prostate, contredisent la version officielle fournie par l'unique communiqué médical algérien, transmis neuf jours après l'admission du chef de l'Etat algérien à l'hôpital militaire français. Le texte évoquait en effet une admission pour un ulcère hémorragique au niveau de l'estomac ». Or, ajoute Le Figaro, « il n'était pas question non plus de difficultés rénales alors qu'Abdelaziz Bouteflika a été hospitalisé par le passé pour des problèmes au rein ». Ce journal va plus loin en citant la Société nationale française de gastro-entérologie pour laquelle « le pronostic du cancer de l'estomac est sombre et "en présence de ganglions de métastases, la survie à cinq ans est statistiquement nulle" ». Le Nouvel Observateur aborde dans le même sens en se référant à la déclaration du Pr Debré, même s'il titre « Abdelaziz Bouteflika est vraisemblablement atteint d'un cancer de l'estomac ».