Ce défilé a permis en tout cas à de nombreuses couturières artisanes dans la région de présenter leurs produits. Organisée au début de la semaine à la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou, la seconde édition du défilé de mode, consacré particulièrement à la robe kabyle, s'est encore tirée avec un franc succès devant un immense public de divers âges et des deux sexes, mais majoritairement composé de jeunes femmes. Le public a visiblement suivi avec intérêt le défilé assuré par des mannequins d'une élégance, qui ne fait nullement rougir devant celle de pays plus huppés en la matière. Les charmantes filles mannequins se succédaient, tantôt en groupe, tantôt en individuel, portant fièrement de ces amples vêtements, traditionnels et modernes, typiquement kabyles, coupés avec art par des couturières de renom dans la région, à l'image de Mme Amirouche avec sa maison Robe d'or basée à Iflissen (Tigzirt), ou de Mme Mendjel de Robe d'ange venue des Ouadhias, ou encore de Mme Rekik et ses filles venues de Beni Douala. L'assistance a, particulièrement, apprécié la présentation d'une diversité de modèles, comme le burnous blanc de la mariée, la méthode de dévoilement de cette dernière de son habit joliment brodé de motifs berbères, le tout sous le regard «langoureux», d'abord de son futur époux, ensuite de celui, admiratif et chaleureux, des convives et de la famille (public), rappelant un peu virtuellement, à ce dernier, la convivialité et l'extase de ces mariages traditionnels de chez nous. L'occasion de ce défilé a permis en tout cas à de nombreuses couturières artisanes dans la région de présenter leurs produits : des variétés de robes kabyles, notamment celles de Beni Douala, 100% artisanales et de tradition, celles nécessitant le port, selon le désir, d'un châle adapté à la partie haute du corps ou une «fota» pour la partie basse, entourant la taille ; celles amples, aérées, avec ou sans manches longues, en décolletés ou à échancrures diverses, laissant apparaître les charmes de la femme au niveau du cou, des épaules et des jambes, celles «enivrant» les yeux de par les couleurs chatoyantes, portant en bordure des stries et de fines bandes zigzaguées et coloriées enjolivant davantage le bas du vêtement, le pourtour des ouvertures de l'habit, (collier, manches, bas-pans, etc.). Quels que soient le temps qu'il fait, la saison ou la circonstance (fêtes de mariage, de circoncision, religieuse…), la femme en Kabylie ne s'embrouille pas trop pour s'habiller, tant elle a toujours un modèle d'habit à mettre, qui s'adapte, la distingue, la met dans son élément et lui assure charme, quasiment en tous âges. Mourad Aït Ahmed et Mme Feriel, organisateurs de cette deuxième édition du défilé, ont exprimé, à cette occasion, leurs vifs remerciements à l'ensemble des participantes et participants qui ont beaucoup aidé dans l'organisation de cette véritable fête, notamment le comité local du Croissant-Rouge algérien (CRA) de Tizi Ouzou, les DJ King et Sweet, les chanteurs Mehenna Aber et le groupe de rap Alger-K, Sopsy et le comédien Tak Mister, qui ont assuré une agréable animation. Les organisateurs disent : «Toute notre gratitude aux directions de wilaya et de la maison de la culture du même secteur, portant le nom du regretté, mais illustre écrivain, Mouloud Mammeri, pour avoir parrainé cette fête grandiose». Sponsorisé par Studio-21 de Tizi Ouzou, le défilé, qui a vu la présentation donc d'une collection de vêtements traditionnels de femmes berbères, avec des styles s'identifiant à chaque couturière, a été assuré sur scène par sept charmantes filles mannequins, admirablement coiffées par le salon Bien-être de la capitale du Djurdjura. «A travers cette manifestation, nous voulons surtout mettre en valeur la robe kabyle en avisant les gens que si l'on s'adressait directement à la source, c'est-à-dire, auprès de ces honorables filles et dames couturières, que, fréquemment, chez certains mercantiles — qui n'ont rien de la noblesse du commerçant digne et sobre de chez nous — tentent d'arnaquer, l'on découvrirait que cet habit n'est pas du tout cher, et l'on démentirait de soi-même les ragots répandus sur la pseudo cherté de la robe kabyle», dira Mme Feriel avec un sentiment d'amertume, à ce propos justement. Elle estime que «ce type de défilé, dont je souhaite qu'il devienne un festival national que l'on organiserait périodiquement partout à travers le territoire national, est pour nous un espace d'expression, d'innovation dans nos modèles, produits et, surtout, de nouveaux styles et créations ; c'est une sorte de suite naturelle de Miss Kabylie que nous organisions aussi annuellement avec beaucoup de succès». Décidément, pour nos stylistes modélistes de ce vêtement particulier, la robe kabyle reste, dans ses diverses coupes, un habitat indémodable, immortel et d'éternité…