Cinquième dans le monde, le cancer hépatocellulaire (CHC) est l'un des cancers du foie les plus fréquents. Il survient sur cirrhose dans 80 à 85% des cas. Pas moins de 500 000 personnes en meurent chaque année. Ce nombre est soumis à une progression certaine en raison de l'évolution des infections hépatiques virales. A ce titre, il est important, aujourd'hui, que les patients atteints ou exposés à ce type de cancer puissent accéder à temps à l'information sur les différents traitements qui s'offrent à eux. La radiologie et l'imagerie peuvent justement être l'une de ces options : avec des avancées constantes au cours des années, elles ouvrent la voie à un traitement moderne et ciblé qui offre un meilleur taux de survie. C'est justement ce que se sont attelés à expliquer des sommités nationales de la radiologie lors de la 7e édition des Journées de formation en imagerie médicale (JFIM) de Annaba organisées ce week-end (19 et 20 mai) au complexe hôtelier Sabri. Force est de dire qu'en plaçant les «Pathologies du foie, des voies biliaires et du pancréas et cancer du sein» au centre des débats, les membres du comité scientifique – les Prs S.E Bendib, M. Boubrit, N. Boubendir et le Dr N. Mammeri – ont, une nouvelle fois, montré leur attachement à promouvoir le rôle de la radiologie/imagerie médicale et à mettre le grand public à la page des dernières avancées technologiques jusque-là réalisées pour vaincre le cancer. A travers plus de vingt communications où aucun aspect des deux lourdes maladies (cancer du foie et sein) n'a été négligé, les quatre spécialistes ont laissé perceptibles leur plein investissement dans le partage des connaissances et la promotion des échanges d'information scientifique, de recherche et de dissémination des avancées de radiothérapie et d'oncologie auprès des professionnels de la discipline (oncologues, radiologues et chirurgiens) – venus de différentes régions du pays et d'Europe. L'occasion leur a été, ainsi, donnée pour expliquer comment prévenir et lutter contre le cancer hépatocellulaire qui commence à se répandre dans notre pays. En l'absence d'étude statistique, le nombre de cas atteints de cette maladie n'est toujours pas connu a, toutefois, tenu à préciser Nassila Belal de l'hôpital militaire d'Alger. «Vu le nombre de cas que nous recevons, nous pouvons dire que le CHC est assez fréquent en Algérie. Il serait bon de le détecter à temps. Le dépistage doit s'effectuer chez la population cible : les porteurs d'hépatique B et C ainsi que les autres cirrhotiques (alcooliques et hémochromatose)», nous dit-elle. Plus explicite, l'illustre Pr Salah-Eddine Bendib du Centre Pierre et Marie Curie (CPMC), relève, pour sa part que «dans le foie normal, le CHC est exceptionnel. Ce type de cancer se développe sur un foie de cirrhose. Celle-ci est induite par l'hépatite virale qu'il faut prévenir par la simple vaccination. Lorsque la cirrhose est constituée, son diagnostic précoce, c'est-à-dire à un stade localisé permet au patient atteint de CHC de bénéficier de traitement curatif. A un stade tardif, c'est le traitement palliatif pour prolonger la survie». La radiofréquence, moyen de traitement des tumeurs du foie a, en outre, été longuement abordée lors du forum scientifique de Annaba. Mise au point en 1992, cette technique de radiologie interventionnelle, guidée par l'imagerie (imagerie ou TDM), est actuellement la plus utilisée dans le monde pour la destruction tumorale, fait savoir le spécialiste M. Hédibi de l'hôpital militaire d'Alger. Associée à la chirurgie, elle augmente notablement le taux de survie soit 50% à trois ans et 25% à cinq ans dans les métastases. Seuls 10% des malades peuvent bénéficier d'une résection chirurgicale, ajoute-il. De par les proportions alarmantes qu'il ne cesse de prendre dans le pays – 9000 nouveaux cas/an – le cancer du sein, a toujours été le dénominateur commun entre les différentes éditions des JFIM. A chaque fois, les Prs S. E. Bendib et Mustapha Boubrit, s'évertuent à sensibiliser aux dangers de ce premier cancer et première cause de mortalité chez la femme dont l'incidence est de 50/100 000 femmes. Ils continuent d'insister sur le dépistage, car permettant de réduire la mortalité d'environ 30% des cas. En la matière, il existe trois types : individuel (à l'initiative de la femme et de son médecin traitant), ciblé ou familial (s'intéresse aux femmes ayant des prédispositions génétiques) et le dépistage organisé (institutionnel qui n'existe toujours pas en Algérie). «Diagnostiqué à un stade précoce, il répond aux thérapies actuelles. Le traitement devient lourd et coûteux lorsqu'il est localisé tardivement et les résultats sont, de ce fait, médiocres», préviennent-ils. Le Dr Mammeri et son équipe ont réussi à réunir les oncologues, mais également les physiciens médicaux, les biologistes ainsi que les représentants de l'industrie de l'imagerie médicale pour dire à partir de Annaba que dans notre pays le savoir et les équipements de plus en plus précis et performants existent pour vaincre le cancer.