Dorénavant considérée comme un problème de santé publique, l'hépatite B et C toucheraient 173 personnes (167 cas positifs d'hépatite B, 6 cas d'hépatite C ; 3 cas sont affectés par les virus des hépatites B et C) sur 286 examens effectués. L'existence d'une épidémie d'hépatite est confirmée par le fait qu'en fonction de la taille de l'échantillon, le taux des personnes atteintes est passé de 46,4 % lors du prélèvement du 25 mai à 60,4 % lors des prélèvements des 18 et 19 juin 2008. Parmi les personnes atteintes par les hépatites, on dénombre 27 enfants de 4 à 15 ans atteints de l'hépatite B, 2 enfants âgés de 9 et 15 ans sont atteints par l'hépatite C. Parmi ces enfants, certains sont vaccinés contre les hépatites des nouveau-nés. Cette pathologie évolue dangereusement depuis quelque temps dans ces bourgades reculées, sans que les populations n'en connaissent ses causes ni ses conséquences. 2,5 % de la population en Algérie sont porteurs du virus B et 2,7 % de l'hépatite, infection qui représente 30 % des activités de consultations médicales, selon l'association algérienne d'aide aux porteurs de l'hépatite virale «SOS hépatites». Mais qu'est-ce donc que l'hépatite ? Une hépatite est une inflammation du foie causée soit par des substances toxiques, soit - et c'est la majorité des cas - par des virus. A ce jour, un total de cinq virus provoquant une infection ciblée et une inflammation du foie ont été identifiés. Ces virus, désignés par les lettres A, B, C, D, et E, diffèrent par leur mode de transmission et leur agressivité. Dès que les virus introduits dans le sang atteignent le foie, ils pénètrent dans ses cellules, les hépatocytes, et s'y multiplient. Le système qui assure les défenses de l'organisme détruit alors les cellules infectées, ce qui provoque l'inflammation du foie. Les symptômes durent plusieurs semaines: jaunissement de la peau et des yeux (jaunisse), urines foncées, fatigue extrême, nausées, vomissements et douleurs abdominales. Certains virus peuvent conduire à un état de porteur chronique signifiant que le sujet ne se débarrasse jamais du virus et peut développer de nombreuses années plus tard une cirrhose ou un cancer du foie. Dans le cas des virus de l'hépatite B et de l'hépatite C, les porteurs chroniques risquent de développer une cirrhose hépatique avec un risque ultérieur de 3 à 5 % par an de cancer du foie. L'hépatite B est l'une des principales maladies humaines : on estime à 2 milliards le nombre de personnes ayant été infectées par le virus, dont plus de 370 millions sont des porteurs chroniques et peuvent transmettre le virus pendant des années. Les porteurs chroniques sont exposés à un risque élevé de décès par cirrhose du foie ou cancer du foie, maladies qui font environ un million de morts chaque année. Le virus de l'hépatite B se transmet par tous les liquides et sécrétions biologiques, le plus souvent par contact sexuel et par le sang. L'hépatite B est considérée comme une maladie infectieuse extrêmement contagieuse : le virus de l'hépatite B est 50 à 100 fois plus infectieux que celui du SIDA. Les principales voies de transmission sont les contacts sexuels, les injections (toxicomanie) et transfusions à risques, la transmission de la mère à l'enfant à l'accouchement et le contact étroit avec une personne infectée. Statistiquement dans le monde, les modes de transmission les plus fréquents sont de la mère à l'enfant, entre enfants d'une même famille et par réutilisation de seringues et d'aiguilles non stérilisées Dans beaucoup de pays en développement, la quasi-totalité des enfants sont infectés par le virus. Le virus ne peut être transmis par l'eau ou les aliments contaminés, ni par simple contact sur les lieux de travail. L'hépatite B aiguë est souvent asymptomatique, ou provoque des symptômes évoquant une grippe (perte d'appétit et troubles digestifs, nausées, vomissements, fatigue, fièvre). La maladie peut, toutefois, aussi menacer la vie et durer plusieurs mois. Une personne infectée sur trois présente les symptômes caractéristiques d'une inflammation aiguë du foie : jaunisse (ictère) avec la peau et le blanc de l'œil colorés en jaune, urines brun foncé, selles décolorées. La période d'incubation de l'hépatite B varie de 45 à 180 jours, mais la moyenne se situe entre 60 et 90 jours. ? Chez près d'une personne sur dix, et encore plus fréquemment chez le nourrisson et l'enfant en bas âge, l'hépatite B aiguë ne guérit pas et devient une infection chronique. La plupart de ces porteurs chroniques n'ont pas de symptômes apparents bien que leur foie soit enflammé et qu'ils restent susceptibles de contaminer leur entourage. Il n'existe pas de médicament permettant de traiter une hépatite aiguë pour améliorer les chances de guérison. L'efficacité des produits dits hépatoprotecteurs (protégeant le foie) n'est pas démontrée. La personne infectée doit attendre que le système de défense de son organisme vienne naturellement à bout des virus. Aussi longtemps que la guérison n'est pas intervenue, les liquides et sécrétions naturelles du corps -- sang, sperme, sécrétions vaginales, salive -- restent contagieux. Une fois l'hépatite guérie, le foie retrouve une santé parfaite et le patient est alors protégé toute sa vie contre cette maladie. L'hépatite B chronique est traitée chez certains par l'Interféron-alpha et par des médicaments anti-viraux comme la Lamivudine ou l'Adefovir, mais il s'agit de traitements dont le coût se chiffre en milliers de dollars auxquels les malades des pays en développement ne peuvent accéder. Des virus résistants se développent fréquemment lors des traitements. En cas de cirrhose, une greffe du foie peut être pratiquée. En raison du peu d'efficacité des traitements, la vaccination contre l'hépatite B est la principale mesure fiable et importante pour se protéger de cette maladie. Depuis 1981, on dispose de vaccins anti-hépatite B très efficace, dont un mis au point à l'Institut Pasteur (GenHevac B). Trois injections de ce vaccin confèrent à 98 % des personnes vaccinées une protection contre une infection par le virus de l'hépatite B. Chez 90 % des personnes vaccinées, cette protection dure au moins 10 ans, probablement même toute la vie. Ce vaccin de surcroît prévient la survenue des graves complications que sont les hépatites aiguës fulminantes, les cirrhoses, les cancers (cancer du foie). L'hépatite C est une maladie du foie occasionnée par un virus de la famille des Flavivirus, le virus de l'hépatite C ou VHC qui toucherait 3 % de la population mondiale. Le VHC n'a été identifié qu'en 1989 : jusqu'alors, les infections occasionnées par ce virus et provoquant des symptômes particuliers étaient qualifiée d'hépatites «non A, non B». Le VHC est une cause majeure d'affection hépatique chronique pouvant aboutir à la cirrhose et au cancer du foie. L'homme et le chimpanzé sont apparemment les seules espèces sensibles à l'infection par le VHC, la maladie étant similaire chez l'une comme chez l'autre. Ce virus a une relativement grande capacité à muter son génome, ce qui est certainement en rapport avec la forte propension du virus à provoquer des infections chroniques. L'hépatite C est une maladie relativement fréquente. On estime que 170 millions de personnes ont une infection chronique par le VHC dans le monde et que 3 à 4 millions de personnes sont nouvellement infectées chaque année. L'hépatite chronique C est une cause majeure de cirrhose et de cancer primitif du foie (carcinome hépato-cellulaire). L'évolution silencieuse de la maladie et la fréquence élevée de passage à la chronicité expliquent l'existence d'un grand réservoir de sujets infectés. Le virus de l'hépatite C se transmet principalement par voie sanguine (transfusions, toxicomanie), les transmissions materno-fœtales et sexuelles étant rares. Depuis la mise en place du dépistage systématique des anticorps anti-VHC dans les produits sanguins, l'hépatite aiguë C post-transfusionnelle est devenue extrêmement rare et la plupart des sujets sont maintenant infectés par Usage de Drogues par Voie Intraveineuse (UDIV). L'hépatite aiguë C est habituellement asymptomatique, ce qui explique que le diagnostic soit rarement fait au stade aigu de la maladie. Dans les formes symptomatiques, la maladie dure généralement de 2 à 12 semaines. Les symptômes ne sont pas spécifiques : fatigue, nausées, douleurs suivies par l'apparition d'urines foncées et d'un ictère. Ils sont semblables à ceux observés au cours d'autres hépatites virales. Dans environ 70% des cas, l'infection évolue vers la chronicité qui est elle même généralement asymptomatique, son diagnostic étant fortuit dans la plupart des cas, parfois à un stade tardif de la maladie. On estime que 10 à 15% des personnes chroniquement infectées par le virus de l'hépatite C développeront une cirrhose hépatique dans les 20 premières années de leur infection. Les formes aiguës évoluent d'elles même favorablement dans la majorité des cas sans nécessiter de prescription médicamenteuse, mais une guérison complète spontanée de l'hépatite aiguë C n'est observée que dans 30 % des cas environ. Les formes chroniques responsables de fibrose hépatique importante doivent être traitées par l'association interféron pégylé et ribavirine pendant 6 mois à 1 an. Selon le génotype du virus impliqué, la guérison est obtenue dans 40 % à 80 % des cas. Il n'existe aucun vaccin à l'heure actuelle contre l'hépatite C. Le moyen le plus efficace de lutter contre l'hépatite C est donc probablement de réduire le risque de transmission nosocomiale du VHC (transfusions sanguines, injections à risque, etc) et les comportements à risque, par exemple, la consommation de drogues injectables. L'hépatite D ou delta ne peut survenir que chez les personnes atteintes d'hépatite B et le mode de transmission est le même que pour la B. L'hépatite E, souvent bénigne, sauf chez la femme enceinte. Aujourd'hui, il existe des traitements efficaces» qui mènent à la guérison dans 50 à 80 % des cas. Qu'en est-il chez nous en Algérie ? Encore faut-il que les dépistages se fassent. etqu'il y ait une prise de conscience générale. En attendant, l'hépatite reste «cette bombe à retardement», disent les spécialistes, tant qu'il n'y aura pas de sensibilisation efficace. De l'avis de ces derniers, comme de celui de la population, un grand effort doit être fait dans tous les lieux où les normes d'hygiène sont de plus en plus mal respectées. Reste à ce que dans tous les médecins veillent systématiquement à décontaminer leurs appareils médicaux (soins dentaires, fibroscopies…). Reste aussi à ce que la population soit, elle aussi, sensibilisée à éviter les comportements à risque : partager les instruments en contact avec le sang tels que rasoirs, brosse à dents, coupe-ongles… Indéniablement, une campagne d'envergure s'impose très rapidement