Un rapport peut-il être envisagé entre une sardine et les droits de l'homme ? La réponse serait négative sauf si cela a un rapport avec les mailles du filet qui laisseraient passer bien des principes. Elle serait négative, mais a priori seulement, puisque l'Union européenne dans ses réflexions sur la pêche en dehors de ses côtes suggère le contraire. Autrement dit que le principe cesse d'exister quand il fait face aux intérêts d'Etat. Le cas devient clair, et l'Europe a montré à quel point elle avait l'argument facile, mais irrecevable, quand il s'agit pour elle d'envoyer ses flottes pêcher dans les eaux territoriales du Sahara occidental occupé par le Maroc. Elle règle ainsi un problème, mais tout en créant un autre, celui de la légalité de son action, puisqu'il s'agit pour elle de conclure un accord avec un occupant. Le procédé dure depuis le milieu des années 1990, avec comme première explication, que l'accord en question a été négocié et conclu avec «l'autorité de fait». Est-ce recevable quand l'ONU, et donc les pays européens, a conclu que le conflit du Sahara occidental était une question de décolonisation, désignant clairement le Maroc comme le colonisateur, et les Sahraouis, un peuple privé de sa liberté. L'Europe a remis une couche quand elle a été interpellée à propos de cet accord sur la violation des droits de l'homme, et le pillage des ressources de ce territoire, en répliquant qu'elle veillerait à ce que les Sahraouis profitent des retombées de cet accord. En aucun, relève-t-on, le fond de la question n'est remis en cause, bien qu'il soit évident que le Maroc s'en serve comme d'une reconnaissance de son occupation du Sahara occidental. L'Union est encore une fois sollicitée pour renouveler ces contrats, même si on se garde d'identifier l'étendue des zones de pêche. Des démarches effectuées actuellement par certains pays européens, mais la destination, bien que précise pour un pays comme la Mauritanie pour n'avoir aucune espèce de litige, elle ne l'est pas pour le Maroc, puisque c'est à travers un flou que les eaux territoriales du Sahara occidental ont été intégrées, malgré les mises en garde, notamment des dirigeants sahraouis contre le pillage de leurs ressources. On se rappelle que des entreprises pétrolières notamment ont dû mettre fin à leur présence dans ce territoire quand elles avaient pris connaissance du domaine où elles mettaient les pieds, refusant d'être les complices de la puissance occupante, ou simplement de vol, ce qui n'est pas peu il est vrai. D'ailleurs, rien ni personne ne pourraient compenser une telle action en raison des dommages qu'elle cause au peuple sahraoui, puisqu'elle prolonge ses souffrances. Dès le mois de février dernier, le Président sahraoui avait appelé le secrétaire général de l'ONU à intervenir auprès de l'UE pour empêcher la prolongation de l'actuel accord de pêche entre le Maroc et l'UE qui inclut les eaux territoriales du Sahara occidental. «Toute extension de l'accord actuel en vertu de l'accord de partenariat qui n'exclut pas expressément les eaux du Sahara occidental de son champ d'application géographique ne fera que déstabiliser davantage la situation au Sahara occidental», a-t-il ajouté. L'illégalité de l'accord de pêche UE-Maroc a été récemment confirmée par l'ancien conseiller juridique de l'ONU, Hans Corell, dont l'avis juridique sur les ressources naturelles du Sahara occidental réalisé en 2002. Quel argument l'Europe avancera-t-elle cette fois pour bafouer et éviter que ses pêcheurs ne se mettent en colère ?