Je n'ai vu aucun rapport officiel qui fait état de l'envoi par l'Algérie de mercenaires en Libye.» C'est en ces termes que le commandant du Commandement des Etats-Unis pour l'Afrique, Africom, en visite à Alger, a démenti l'information donnée par l'ex-ambassadeur américain à Rabat, Edward M. Gabriel. Je vais essayer d'être très clair là-dessus. J'ai vu des rapports qui concernent l'envoi de mercenaires algériens, mais je n'en ai vu aucun d'officiel. C'est même tout à fait le contraire, car l'Algérie a toujours appuyé la sécurité régionale et aussi la lutte antiterroriste pour prévenir et empêcher qu'il y ait des mercenaires ou bien un mouvement de personnes et d'armements dans la région», a indiqué le chef de l'Africom, le général Carter F. Ham, lors d'une conférence de presse tenue hier au siège de l'ambassade américaine, en marge de la visite de deux jours qu'il a effectuée à Alger. Le général américain souligne, toutefois, qu'il existe bel et bien un mouvement de mercenaires dans la région, en notant qu'il s'agit d'un «mouvement libre». «Il existe un mouvement libre de mercenaires vers et à partir de la Libye», dit-il, en précisant que c'est pour cela qu'«il parle d'approche régionale pour lutter contre ce type de mouvement». Une approche dont la vocation commencerait par un renforcement du contrôle aux frontières, note encore le responsable militaire américain. Outre les mercenaires, le chef militaire a aussi évoqué la circulation d'armes dans la région du fait du conflit libyen. «Il s'agit d'une des principales préoccupations des pays de la région, que partagent aussi les Etats-Unis, car ces armes en provenance de Libye peuvent tomber entre les mains d'Al Qaîda… Pour contrer cette prolifération d'armes, la collaboration de tous est nécessaire», indique le général Ham. Ce dernier souligne, d'ailleurs, avoir «pris note des rencontres entre les pays du Sahel, à savoir l'Algérie, le Mali, la Mauritanie et le Niger». «Les Etats-Unis travaillent avec ces pays pour trouver les moyens et les aides nécessaires à cette lutte», dit-il en citant déjà le partage de renseignements et l'assistance technique pour le renforcement de la surveillance aux frontières comme appuis américain aux pays de la région. Le chef de l'Africom tient par ailleurs à souligner que la lutte contre le terrorisme n'est pas que l'affaire des militaires. Un rôle, dit-il, qui incombe d'abord aux Etats. A noter que lors de sa visite de deux jours, qui s'est achevée hier, le commandant de l'Africom a eu des entretiens avec de hauts responsables algériens, à leur tête le président Bouteflika. Il s'est entretenu avec le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, le ministre délégué auprès du ministre de la Défense, Abdelmalek Guenaïzia, et le conseiller du Président, Kamel Rezzag Bara. Tout en réfutant toute intention de déplacer le siège du commandement de l'Africom vers l'Afrique, le général américain a souligné la «force du niveau» de coopération américaine avec l'Algérie. «Le Commandement demeure engagé à être un partenaire de qualité pour l'Algérie et nous continuerons à rechercher les moyens d'avoir une collaboration beaucoup plus étroite dans plusieurs secteurs relatifs à des intérêts mutuels en matière de coopération militaire», dit-il. Interrogé sur la position algérienne au sujet du conflit libyen, le général américain a noté que les discussions avec les responsables algériens ont beaucoup concerné la Libye, et trouve qu'il y a «un consensus sur la finalité de la situation en Libye. Nous sommes d'accord que la Libye doit retrouver sa stabilité et que le peuple libyen ait la liberté de choisir ses gouvernants. Certes, il peut y avoir des divergences sur les moyens d'y aboutir, mais les responsables algériens comprennent la position américaine… il y a plus d'accords que de désaccords», ajoute-t-il. Ceci et d'indiquer que le souci de l'Africom aujourd'hui est d'étudier comment gérer les conséquences de la résolution du conflit libyen, notamment en termes d'acheminement d'aides aux populations. Et de conclure : «Je suis très comblé de la relation qui existe entre les armées américaine et algérienne.»