Il semble de plus en plus évident que l'Algérie a rompu avec les réunions des cadres de la nation qui se tenaient annuellement. Des retrouvailles peut-être, mais certainement pas des conclaves, ceux-ci étant supposés se transformer en laboratoire d'idées, avec leur confrontation et leur enrichissement. On voit à la situation actuelle de notre pays, que ce ne fut nullement le cas. S'est-on d'ailleurs un jour interrogé sur la notion de cadre, celle-ci renvoyant avant tout sinon exclusivement à une somme de qualifications, et pour tout dire, la seule compétence ? Il a suffi d'un choc pétrolier pour que l'Algérie découvre la crise et ses faiblesses, sans que soient situées les responsabilités. Les Algériens en sont alors à se demander sur quels critères se fait le recrutement des cadres, et comment se déroule leur carrière. Ou encore faut-il croire que celle-ci serait un fleuve tranquille que rien ne vient remettre en cause. Plus maintenant, selon le ministre de l'Intérieur en ce qui concerne les walis. Daho Ould Kablia a déclaré hier que ces derniers sont tenus désormais par l'obligation de résultat. Il était temps, devrait-on dire, et ce principe doit s'appliquer à tous les cadres dirigeants. Le ministre a souligné que l'objectif d'une telle exigence était de rompre avec la routine et les «mobilisations ponctuelles» et inscrire ainsi leur action dans une logique d'«innovation» et de «persévérance». Une lettre de mission avec une rupture et un programme sont ainsi fixés dans leurs grandes lignes il est vrai, même s'il s'agit aussi et peut-être surtout de mener ce que l'on appelle communément les tâches traditionnelles. Mais le principe même d'obligation de résultat n'est pas nouveau pour avoir été envisagé et même retenu lors d'une réunion tenue avec les walis en 1996. Il fallait, estimait-on alors, que les collectivités locales assument pleinement leur rôle. Un travail de proximité et un contact permanent avec les citoyens. Une parole surtout quand elle provient de la source la plus autorisée peut chasser la rumeur, dissiper les malentendus et contribuer à plus de sérénité, même si, il faut bien en convenir, elle n'est pas la panacée aux problèmes rencontrés par les citoyens. Pour une première c'en était véritablement une, mais si le ministre de l'Intérieur en vient à faire de cette règle comme un nouveau départ, c'est que l'application avait fait défaut. Et si par ailleurs, le ministre de l'Intérieur en est également à rappeler le rôle des institutions de base, c'est justement pour éviter les cas de rupture de contact et d'absence d'interlocuteur pour les citoyens qui font face à des problèmes souvent inextricables. Justement, et même s'il ne s'agit en aucun cas de le justifier, comment s'explique ce black-out lequel, à force de durer, devient lui-même le problème ? Peut-être qu'il faille aussi clarifier les prérogatives des différentes instances, mais par contre, le manque de moyens et autres ressources qui affecte de nombreuses structures locales, n'est pas toujours la bonne excuse.