Des milliers de manifestants chiites scandant des slogans antigouvernementaux se sont mobilisés près de Manama après la prière du vendredi en dépit d'une interdiction de se rassembler décrétée par les autorités. Cette manifestation, dans le village chiite de Diraz, aux portes de la capitale bahreïnie, intervient au lendemain d'un appel de l'opposition à poursuivre la contestation, en se rassemblant dans les lieux de culte, plutôt que dans les rues. Aucune force de l'ordre n'était visible dans ce village, alors que la répression violente de la contestation de la dynastie des Al-Khalifa a fait cette semaine au moins huit tués, quatre manifestants et quatre policiers. “En paix ! en paix !”, criaient les manifestants, “nous sommes prêts à sacrifier notre sang et notre âme pour Bahreïn”. Les autorités bahreïnies ont décrété cette semaine l'état d'urgence, qui interdit notamment les rassemblements, après des semaines de contestation dans ce petit royaume, soutenu par les Etats-Unis qui y maintiennent le commandement de leur Ve flotte. Un important religieux chiite à Bahreïn, cheikh Qassem, a appelé dans son sermon de vendredi à respecter les principes de la non-violence. “L'approche pacifique a été notre choix depuis le début”, a-t-il affirmé. “Ne vous laissez pas entraîner par la violence que les autorités déchaînent sur vous.” L'opposition à Bahreïn, dominée par les chiites, réclame des réformes politiques pour obtenir une plus grande participation dans cette monarchie dominée depuis plus de 200 ans par une dynastie sunnite.