«Le ministère de l'Intérieur aurait pu geler les activités de 50% des partis politiques agréés. Mais nous n'appliquons pas la loi dans toute sa rigueur», affirme le ministre en charge du secteur, Daho Ould Kablia. S'exprimant lors d'une conférence de presse animée, hier à Alger, le ministre tente de défendre son département, «accusé de violation de la loi» en ce qui concerne l'agrément de nouveaux partis. Selon lui, les autorités «se sont montrées souples» avec les formations agréées jusque-là, «car si nous avions appliqué la loi, la plupart des partis existants seraient suspendus pour non-respect de la réglementation. Il y a des partis qui n'ont pas tenu leur congrès depuis leur création et d'autres ne présentent pas leurs bilans annuels», dit-il. Concernant le rejet des demandes d'agrément de nouveaux partis, M. Ould Kablia change à nouveau de discours. Il affirme que «les dossiers réceptionnés par les services du ministère n'étaient pas complets et ne répondaient pas aux conditions exigées par la loi». «Nous n'avons commis aucune entorse à la loi», lance-t-il. Dans une précédente déclaration reprise par la presse nationale, le ministre avait affirmé que «certains dossiers de demande de création de nouveaux partis répondent à toutes les conditions, mais nous n'allons pas leurs donner l'agrément». Cette déclaration, rappelons-le, n'a jamais été démentie par le ministère. Pourquoi le ministre entretient-il la confusion à ce sujet ? Qu'est-ce qui empêche le ministère de l'Intérieur de convoquer les auteurs de ces demandes pour compléter leurs dossiers ? Ces questions restent toujours sans réponse pour le moment. Les autorités veulent, sans nul doute, gagner du temps, en attendant l'élaboration d'une nouvelle loi sur les partis. Une loi qui risque de durcir les conditions de création «des associations à caractère politique». «On ne peut pas préjuger sur ce que va être cette loi sur les partis qui sera adoptée au niveau du Parlement. Si elle apporte des conditions très libérales, il y aura de la place pour tout le monde. Et s'il y a des conditions restrictives, il y aura des restrictions», avait déclaré Daho Ould Kablia, la semaine dernière. Pas au courant pour les islamistes Interrogé sur les déclarations des deux anciens dirigeants de l'ex-FIS, Abdelfateh Zeraoui et Hachemi Sahnouni, selon lesquelles «une amnistie générale au profit de 7000 islamistes emprisonnés sera annoncée prochainement par le président de la République», Daho Ould Kablia affirme qu'il n'est pas «au courant». «Le Premier ministre avait fait un démenti. Le ministre de la Justice a déclaré qu'il a lu cette information dans la presse. Moi aussi, je ne suis pas au courant», soutient-il. Revenant sur la polémique autour de la fermeture de 7 églises protestantes dans la wilaya de Béjaïa, M. Ould Kablia précise que l'exercice de cultes non musulmans est régi par la loi de 2006. Selon lui, les lieux qui ont fait l'objet de fermeture «n'étaient pas connus et ne sont pas autorisés». «L'instruction qui a été donnée est d'éviter la précipitation dans la gestion de cette affaire», précise-t-il. n