L'année qui s'achève a été marquée par une série de soulèvements sociaux à travers les quatre coins du pays. Ces mouvements de protestation ont souvent charrié des scènes de violence. A quelques exceptions près, la misère sociale qui colle aux guêtres des Algériens est à l'origine de ces colères récurrentes qui se sont produites dans plusieurs régions du territoire national. Le mépris et la mauvaise gouvernance ont fait le reste. A Arzew (Oran), ce fut une intempestive décision de démolition de commerces informels qui a provoqué l'insurrection. Conséquences : un mort, plusieurs blessés et de nombreuses interpellations. Une bavure policière a déchaîné l'émeute à Laghouat. Les citoyens d'El Attaf (Aïn Defla) ont porté leur mécontentement sur la voie publique face au retard constaté dans le versement de la prime de scolarité. Les habitants de Takhmaret (Tiaret) se sont, à leur tour, rebellés contre les autorités locales. Béchar Djedid et Tamanrasset, deux villes du Sud algérien, déjà fortement éprouvées par leur destin naturel - sécheresse et isolement -, se sont transformées, le temps d'une grogne, en foyers de contestation. A Ouargla, des jeunes chômeurs ont mis à sac la ville pour protester contre le recrutement des jeunes issus du nord du pays par les sociétés implantées dans la région au détriment de la main-d'œuvre locale. Il y a eu également des émeutes à Theniet El Had (Tissemsilt), Oued Chadi (Skikda), Mila, Sétif, Biskra... La capitale n'a pas été, non plus, épargnée par les révoltes citoyennes, notamment à Larbaâ et El Hamiz. En proie à un sentiment de marginalisation, somme toute légitime, les citoyens n'ont d'autre recours que la rue, devenue le réceptacle par excellence des attentes non satisfaites. Ce qui a souvent exacerbé la colère des citoyens est, sans doute, la gestion policière, à la limite de la brutalité de ces mouvements de protestation. L'Etat, en effet, ne semble avoir d'autres réponses que la répression. Durant l'année 2005, les hautes autorités du pays se sont contentées, dans la plupart des cas, d'intervenir, parfois de façon provocante, à travers les médias nationaux. Les sociologues algériens ont expliqué la recrudescence des conflits sociaux, particulièrement durant cette année, par l'absence de culture de dialogue entre gouvernants et gouvernés.