Entre 3000 et 3500 blouses blanches, venant des CHU de tout le pays, ont battu le pavé, malgré l'imposant dispositif policier déployé devant le Centre hospitalier universitaire d'Oran. Les médecins résidents ont réussi à briser le cordon policier, dans la matinée d'hier, à Oran. Au total, ils étaient entre 3000 et 3500 blouses blanches, venant des CHU de tout le pays, à avoir battu le pavé, malgré l'imposant dispositif policier qui, dès l'aurore, a ceinturé l'enceinte du Centre hospitalier universitaire (CHU) d'Oran. Mais forts de leur nombre pour le moins imposant, les résidents contestataires n'ont pas eu de peine à briser le cordon policier pour entamer leur marche vers le siège de la wilaya, avant de prendre l'itinéraire inverse. Alors qu'au départ, les forces antiémeute, munies de matraques, ont tenté de réprimer les manifestants, à voir le nombre de ces derniers qui allait croissant, ils ont dû se rétracter, se contentant seulement d'encadrer la foule. Les médecins contestataires, eux, n'ont pas hésité à crier haut et fort : «On n'a pas peur !» lors de leur confrontation avec le cordon policier, ayant en mémoire la répression violente de mercredi dernier, à l'hôpital Mustapha, à Alger. On pouvait compter, à ce propos, bon nombre de blessés de la précédente marche qui, loin d'avoir été intimidés, ont tenu à être présents lors de ce nouveau rendez-vous. «En engageant un tel rapport de forces, on tient à montrer que la répression policière est loin de nous intimider, qu'on reste plus que jamais déterminés à mener à bien notre lutte jusqu'à ce qu'on obtienne gain de cause !» nous a précisé un des manifestants. Issue du Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra), la foule des blouses blanches a clamé des slogans tels que «Ouyahia dégage !», «Harraoubia dégage !», «Ould Abbès dégage !» ; beaucoup arboraient ostensiblement des cartons rouges à l'adresse des membres du gouvernement. «Les gens doivent réaliser que c'est dans leur intérêt qu'on mène ce combat. C'est en fait pour le bien-être du malade que nous prenons le risque de subir cette répression farouche ; on est là pour dénoncer une politique de santé, qui prouve son échec au quotidien», explique Dr Reimini, médecin résident au CHU d'Oran. Notre interlocuteur évoque par ailleurs la question du service civil. «On n'est pas contre le fait d'aller à Tamanrasset ou à Djanet, cela est même un devoir pour nous. Seulement, on veut que cela soit fait en incluant les moyens qu'il faut et sans que ce soit aux dépens de nos libertés et nos droits.» Les médecins résidents pointent du doigt le système de santé actuel, qu'ils jugent inégalitaire dans la couverture sanitaire du pays. «Il n'y a pas d'équité dans les soins entre le Nord et le Sud. Il n'y a qu'à voir les hôpitaux des grandes villes. Ils sont peuplés de malades provenant du Sud. Là est le vrai problème», nous dit un autre médecin. Pour le docteur Sahnoun, médecin résident à Alger, même son de cloche : «On veut que l'obligation du service civil soit levée, car c'est une politique qui a montré toute son inefficacité. Voilà plus de trois mois que nous sommes en grève, et rien, absolument rien de notre plateforme de revendications, n'a été satisfait !» C'est donc un tour de force que les médecins résidents ont réussi à imposer, hier à Oran, par lequel ils ont démontré que leur mouvement est loin de s'essouffler. «La grève illimitée, en vigueur depuis trois mois, reste maintenue. Le succès de cette marche, à caractère national, prouve à lui seul que les médecins résidents sont unis et solidaires ; à partir de là, nous continuerons à nous battre jusqu'à la satisfaction de toutes nos revendications», tonnent les protestataires.