La marche à laquelle ont appelé les deux organisations syndicales de la santé publique (SNPSP-SNPSSP) n'a pas eu lieu. Et pour cause, les manifestants venus nombreux en ont été empêchés violemment par les services de sécurité. La manifestation qui devait démarrer dans la matinée d'hier du centre hospitalo-universitaire Mustapha Bacha pour atteindre la présidence de la République à El Mouradia a été interdite par un imposant dispositif sécuritaire mis en place sur les lieux du rendez-vous des praticiens de la santé publique. L'intervention des services de sécurité a transformé le rassemblement en scènes de violence et d'anarchie. En effet, les éléments de la police ont fermé le portail de l'hôpital pour entraver la marche initiée par plus d'un millier de médecins qui se sont regroupés à l'intérieur de l'enceinte hospitalière. Toutes les tentatives entreprises par les manifestants pour dépasser le cordon sécuritaire ont été vaines. Les adhérents aux SNPSSP et SNPSP ont alors commencé à chanter tous en chœur l'hymne national. Les confrontations entre les deux parties ont duré près d'une heure et demie. Les forces de l'ordre ont réussi à contenir la grande foule des «blouses blanches». Les quelques médecins qui ont réussi, malgré l'acharnement des policiers, à passer la grille ont fini par être violemment repoussés et bousculés. Le secrétaire général du Syndicat national des praticiens et spécialistes de la santé publique (SNPSSP), le docteur Yousfi, a été traîné par terre et tabassé. Et pour échapper aux mains des policiers, le leader syndical s'est accroché à un lampadaire du coin, avant d'être interpellé avec deux autres syndicalistes par la police. De l'autre côté du portail, les grévistes scandaient des slogans hostiles à la politique du ministre de tutelle, Saïd Barkat, tout en interpellant le président de la République, Abdeklaziz Bouteflika, à venir au secours d'«un secteur qui agonise». Formant une force massive, les manifestants ont arboré des pancartes exprimant les conditions précaires dont lesquelles ils travaillent et les entraves à l'activité syndicale auxquelles ils font face. Les médecins ont également brandi des pancartes sur lesquelles il est écrit: «nous sommes des praticiens et non des chiens». Et dans un seul geste, les grévistes ont tous brandi des cartons rouges en signe de protestation contre l'attitude «méprisante» du ministre de tutelle à leur égard. «Ce carton rouge exprime le ras-le-bol de la corporation», nous a déclaré un médecin. Le rassemblement a pris fin après la prise de parole des deux leaders, le Dr Yousfi et le Dr Lyès Merabet, secrétaire général du SNPSP, qui ont appelé leurs confrères à maintenir la mobilisation jusqu'à satisfaction de leurs revendications.