L'hôpital Mustapha-Pacha était en effervescence durant la journée d'hier. Les blouses blanches, par milliers, sont venues, encore une fois, crier leur colère. Internes, externes, résidents, pharmaciens et dentistes, tous se sont donné rendez-vous pour réaffirmer leur attachement à leurs plates-formes de revendications. Rien ne semble pouvoir arrêter l'action des grévistes, même pas une chaleur de plomb comme celle qui enveloppait la capitale hier. Les lieux étaient assiégés par un important dispositif de sécurité, mis en place dès le matin. Tous les accès à l'hôpital étaient fermés et “farouchement” gardés. La cour du CHU était déjà le théâtre d'un important mouvement de protestation. Le Collectif autonome des médecins résidents (Camra) observait son sit-in au centre de l'hôpital, quant soudain, des cris surgissent. Ce sont les étudiants en chirurgie-dentaire et en pharmacie qui annoncent leur arrivée. Après une halte devant la direction générale où ils ont crié : “Nous sommes des dentistes, nous demandons le doctorat”, ils ont continué à marcher jusqu'à la porte d'entrée des urgences de l'hôpital. Là, ils se heurtent à un impressionnant dispositif de sécurité. Ils tentent de forcer le cordon et c'est le clash. Un bras de fer s'engage entre eux et les forces de police, plusieurs d'entre eux ont été bastonnés, certains blessés même. La police a violé la franchise hospitalière en pénétrant dans l'enceinte du CHU, dénoncent-ils déjà. “Une de nos camarades a reçu des coups de pied en plein visage, elle est aux urgences”, déplore un des porte-parole des dentistes. Devant cette violence, les étudiants redoublaient de détermination et voulaient toujours franchir le cordon de sécurité, mais les appels au calme de leurs délégués finiront par apaiser la situation. Ils continueront toutefois de scander : “Nous sommes civilisés, pas besoin de policiers”, ou encore “Quelle honte ! Des médecins se font bastonner !” Entre-temps, le piquet de grève était toujours maintenu. Leurs représentants étaient conviés par le directeur de l'hôpital pour leur communiquer les dernières directives du ministre de la Santé, concernant les augmentations des salaires. À leur sortie de la réunion, leur déception était visible. “Le communiqué du ministère de la Santé s'étale sur quatre points. C'est comme un procès-verbal. Le premier point traite de la question des salaires. Le ministre nous annonce officiellement que nos salaires seront alignés sur ceux des spécialistes”, a expliqué le Dr Toufik Yelles, porte-parole du collectif. Il a ajouté : “C'est un rehaussement hypothétique, du moment que les praticiens spécialistes se battent depuis plus d'un an pour faire aboutir leur statut et leur régime indemnitaire. Si l'alignement se fait sur la base de leurs salaires actuels, notre augmentation sera de 1 000 DA.” Après la lecture du communiqué par le Dr Yelles à ses camarades qui ont désapprouvé et hué les propositions, une marche s'est engagée au sein de l'établissement hospitalo-universitaire. Munis de pancartes, les futurs spécialistes criaient à tue-tête leur attachement à faire aboutir leurs revendications. Comme à l'accoutumée, les slogans : “Plus de service civil”, “Dignité, égalité, grève illimitée” ont repris de plus belle. Arrivés à la sortie de l'hôpital, du côté des urgences, certains résidents se sont interposés en formant un bouclier, entre le service d'ordre et leurs camarades pour éviter tout accrochage. Au moment où le sit-in se tenait, des représentants du collectif siégeaient à la commission mixte (ministère de la Santé-résidents) pour tenter d'élaborer un nouveau statut particulier. “Nous avons demandé la présence des représentants de la Fonction publique, du ministère des Finances et du ministère du Travail. Ils ont tous refusé d'y participer. Un tel comportement dénote encore une fois du sérieux de la tutelle”, a ironisé le Dr Yelles.