Les pays membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) n'ont pas pu trouver, hier, à Vienne, un consensus pour augmenter le plafond de production, malgré la recommandation du comité de surveillance des marchés de l'organisation qui a proposé d'augmenter le plafond de production de 1 à 1,5 million de barils par jour. Actuellement le plafond officiel de la production est à 24,8 millions de barils par jour, alors que le niveau réel de la production est d'environ 26,2 millions de barils par jour. Alors que plusieurs observateurs s'attendaient à un relèvement de la production, finalement la conférence des ministres qui est l'organe de décision n'a pas suivi la recommandation. La décision de laisser inchangé le plafond de production a été annoncée par le secrétaire général de l'OPEP, Abdallah El Badri, lors d'une conférence de presse tenue à la fin des travaux. «Les membres n'ont pas obtenu de consensus sur une modification de la production», a déclaré M. El Badri, ajoutant : «Nous ne sommes pas en crise en ce moment, il n'y a pas de pénurie sur le marché.» Six pays se seraient opposés à un relèvement du plafond de production, selon des sources. Il s'agit de l'Iran, de l'Irak, de l'Algérie, de l'Angola, de la Libye et du Venezuela. Très déçu, le ministre saoudien du Pétrole, Ali El Nouaïmi, qui a défendu le principe d'une augmentation, a déclaré : «Nous n'avons pas pu parvenir à un accord.» Le ministre, cité par plusieurs médias, a révélé que «c'est l'une des pires réunions que nous n'avons jamais eues». Finalement, ni les uns ni les autres n'ont été satisfaits par la décision de la conférence, puisque l'Iran, qui préside l'OPEP pour cette année 2011, a exprimé aussi sa déception. «Nous avons suggéré un délai de trois mois pour évaluer le marché et pour prendre une décision plus appropriée, mais cette proposition n'a pas obtenu de consensus», a indiqué, lors de la conférence de presse, le responsable iranien Mohamed Ali Abadi, cité par la presse. Atténuant les divergences, le ministre iranien a indiqué à la presse que «pendant cette réunion, personne ne s'est véritablement opposé à une augmentation de la production, c'est le timing et le montant de cette hausse qui ont fait débat». La proposition d'une réunion en septembre prochain, faite par les pays membres qui s'opposaient à une augmentation dès ce mois de juin, n'a pas été retenue. Il semble que la réunion s'est déroulée dans une atmosphère très défavorable à un dialogue et où les divergences l'ont emporté. La situation dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord n'est peut-être pas étrangère à cet état de fait. Surtout qu'un pays membre, en l'occurrence, la Libye, est en situation de guerre civile et que d'autres pays ne sont pas à l'abri de graves troubles. D'autant plus que des pays membres de l'OPEP participent aux frappes contre la Libye, qui est membre de l'OPEP. Finalement, les pays membres de l'OPEP doivent se retrouver en décembre 2011. Après l'annonce du maintien du plafond de production, les prix ont gagné environ deux dollars le baril. L'Agence internationale à l'énergie (AIE) s'est dit déçue de la décision de l'OPEP de ne pas augmenter son plafond de production, appelant les pays membres à le faire à cause de la fragilité de l'économie mondiale. Dans un communiqué publié juste après la réunion, l'AIE a estimé que «les perturbations en cours de l'offre» à cause de la situation politique dans les pays arabes «ainsi que la fragilité de l'économie mondiale requièrent une augmentation rapide de la production». Dans le même communiqué, l'AIE a appelé indirectement les pays du Golfe à augmenter leur production. En fin d'après-midi, le prix du baril de brut américain était de 101,82 dollars, tandis que le baril de brent était à 118,57 dollars.