L'Algérie demande à l'OMC une prise en compte des difficultés sécuritaires et économiques qu'elle a affrontées dans les années 1990 et qui expliquent en grande partie, selon le ministre du Commerce, le retard mis dans le processus d'accession à l'OMC. La doléance formulée, hier à Alger, par M. Benbada, lors d'une journée parlementaire dédiée à l'accession de l'Algérie à l'OMC et portée par les négociateurs algériens, n'a eu jusqu'à présent que peu d'échos auprès de l'OMC. M. Benbada a déploré, hier, cette attitude caractérisée notamment par «le refus d'accorder à l'Algérie des avantages dont d'autres pays ont aisément bénéficiés, et ce, malgré les concessions et les garanties apportées par le gouvernement algérien». Le ministre du Commerce a formulé également «le vœu du gouvernement de recevoir une invitation au 11e round des négociations au courant du second semestre 2011», au bout de 10 rounds de négociations et 1640 réponses aux questions de l'OMC, dont les 196 réponses envoyées en 2010. De son côté, Idriss Djazaïri, représentant permanent de l'Algérie auprès des Nations unies, a noté que depuis 2008, soit depuis le 10e round des négociations entre l'Algérie et l'OMC, «aucune avancée significative n'a été enregistrée», soulignant que «l'état des négociations entre l'Algérie et l'OMC fait ressortir des divergences sur les questions sensibles, comme l'alignement graduel du prix du gaz sur celui appliqué sur le marché international». M. Djazaïri signale également qu'«au bout de treize ans de négociations, l'Algérie n'a conclu que quatre accords bilatéraux contrairement aux pays qui sont devenus récemment membres de l'OMC, tels que le Vietnam ou l'Ukraine qui en avaient conclu respectivement 26 et 41 au cours de leur processus d'accession». Par ailleurs, M. Djazaïri tout autant que le ministre du Commerce ont mis en avant le fait que la décennie noire et les turbulences économiques découlant des conditionnalités du réajustement structurel du FMI ont empêché l'adhésion, en 1994, de l'Algérie à l'Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT) puis de l'OMC. «Pas de délais de grâce» Intervenant hier, Alejandro Jara, directeur général adjoint de l'OMC, a déclaré que dans le cadre des négociations avec l'OMC, l'Algérie a demandé des périodes de transition pour mettre en œuvre certaines dispositions de l'OMC après la date de l'accession. Cependant, tient à affirmer M. Jara, «il sera difficile d'obtenir de tels délais de grâce dans la mesure où les pays accédants sont en général censés appliquer les dispositions de tous les accords de l'OMC dès leur accession». La date de l'accession de l'Algérie dépendra, selon M Jara, non seulement de l'aptitude du pays à se conformer aux prescriptions des accords de l'OMC, mais aussi de sa capacité à répondre aux demandes spécifiques d'accès aux marchés des membres de l'OMC. Le représentant de l'OMC rappelle également que «l'Algérie poursuit des négociations avec une douzaine d'autres membres de l'OMC» et affirme que «ce n'est que lorsque ces accords bilatéraux en suspens commenceront à se mettre en place que l'Algérie pourra dire que la conclusion de ses négociations en vue de l'accession est proche». Le directeur général adjoint de l'OMC souligne aussi que «les membres de l'OMC ont exhorté l'Algérie à accorder un rang de priorité plus important à l'élaboration de lois et règlements visant à aligner la législation du pays sur les prescriptions de l'OMC». Ce sont les points relatifs au fonctionnement des entreprises commerciales d'Etat, le recours aux restrictions à l'importation quantitative, le régime de licences et les politiques de fixation des prix qui sont regardés de près actuellement par l'OMC qui en tirera les conclusions nécessaires quant à l'adhésion de l'Algérie.