Fiction inspirée du réel, documentaire et biographie rythmés par l'histoire de la Syrie et la vie politique qui y prévaut. Voilà ce que la caméra des réalisateurs, Omar Amiralay et Mohamed Malas, a dévoilé ce mardi en matinée et en soirée, aux cinéphiles de Béjaïa, dans le cadre des 9es Rencontres cinématographiques. Les films sont fournis par l'association marseillaise Aflam. Le premier film documentaire, tourné en 1997, Il y a tant de choses encore à raconter est du Libano-Syrien Omar Amiralay, décédé il y a 4 mois. Il part d'un dialogue racontant les péripéties de la vie de l'écrivain et dramaturge syrien, feu Abdallah Ouanouss, et étagées par une chronique alimentée par la guerre israélo- arabe, et par les événements sociaux et politiques qui ont marqué la Syrie. Deuxième documentaire proposé, Un déluge au pays du Baas, toujours de Omar Amiralay, réalisé en 2003. Une spéculation sur l'espoir de développement et de modernisation de la vie publique suscité par le discours du parti Baas, à travers, entre autres, le barrage de l'Euphrate et les désillusions à l'arrivée. La qualité cinématographique, typicité des comportements et des costumes, plans sombres et dimensionnements en déformé renvoient les désillusions. Un documentaire qui, dirons-nous, est prémonitoire, avec ce qui se passe actuellement dans la région. Passion, de Mohamed Malas, est une histoire réelle. C'est la vie d'une famille d'Alep qui se trouve violemment chamboulée par la passion de Imène pour la chanson. Des suspicions de ses frères à l'emprisonnement du frère Rachid pour ses idées, au caporalisme de l'oncle paternel, seule la compassion du mari procure le refuge. Sur le thème du lien social L'affiche de la deuxième journée des 9es Rencontres cinématographiques aura été marquée par un cinéma inspiré d'un réalisme au quotidien, Blague à part. Tourner en Palestine est en soi déjà une véritable gageure. Le faire, avec des personnages au réel, devient alors un pari plus difficile encore à réussir sur l'aspect professionnel. La jeune réalisatrice Vanessa Rousselot n'a pas eu peur du défi. Blague à part se garde de mettre en arrière-plan des treillis ou des images de forte désolation, dit les choses au deuxième degré, mais celles-ci ne sont pas moins politiques. L'angle d'attaque est l'humour, mais le fond est on ne peut plus politiquement vrai, car sous-tendu par le génie populaire avec tout ce qu'il distille comme blagues sur le belligérant israélien. Les habitants d'Hébron, à qui sont prêtées des gaucheries, sont les têtes de massacre attitrées de ces calembours. Dans le débat qui a suivi la projection, Rousselot, qui a dû se mettre aux cours accélérés d'arabe avant l'écriture du scénario, avoue que la qualité n'a pas été tout de suite au rendez-vous, car la prestance des personnages «n'est pas la même lorsqu'on raconte une blague à son entourage et quand on se retrouve face à une caméra», le comportement émotionnel étant altéré. Enfin, elle dit avoir posé un regard analytique sur le quotidien des Palestiniens et le film dévoile une réalité loin des clichés idylliques. La soirée a été consacrée au court métrage. Dans Garagouz, Abdenour Zahzah raconte l'incursion d'un marionnettiste dans une campagne morose avec un plan sur les adultes, dont le recul est contredit par des enfants qui montrent une demande de joie. Le reste des projections est dominé par des thématiques portant sur des oppositions sociales en intérieur et en extérieur (dans les ménages foyers et dans l'espace public). C'est ainsi dans Khouya de Yanis Koussim, On ne mourra pas d'Amel Kateb, Djouû de Djamel Belloucif et Apnée de Mahassine Belgassem. Dans Album, Shiraz Fradi déroule les paradoxes et les distances qu'engendrent, dans les rapports entre membres d'une famille, certaines interrogations chez les jeunes, principalement les questions de sexualité.