L'écrivain Hamid Grine a donné une conférence au CCF d'Oran pour parler de son dernier ouvrage Parfum d'absinthe, qui vient de paraître aux éditions Alpha. Parfum d'absinthe, c'est l'histoire d'un homme de 50 ans qui, à la suite du décès de son père, apprend, par la bouche de son oncle, et alors que le cadavre paternel est encore chaud, «que son véritable père est en fait un autre»… un voisin de Belcourt ! Illusion faite, bien entendu, à Albert Camus. Son père serait-il donc cet écrivain, mondialement connu, qui a écrit La Peste et L'Etranger ? Cette nouvelle, pour être abracadabrantesque, était à la fois bonne et mauvaise : bonne, car le voilà, du jour au lendemain, le fils d'un écrivain de renommée internationale ; mais mauvaise aussi, car quelque part, cet Algérien de cinq ans, pour parler crûment, se retrouve être le «bâtard» de Camus ! Le titre, quant à lui, est un clin d'œil aux Noces de Camus, où l'une des nouvelles se passe à Tipasa, cette ville dont le parfum d'absinthe domine ses ruines. A ce propos, Hamid Grine nous a fait comprendre que son éditeur l'avait dissuadé de mettre dans le titre le nom de Camus et ce, d'autant plus que son livre précédent comportait le nom de Gide. Après la conférence, un débat a été engagé avec le public, débat axé en grande partie sur Albert Camus. Sans tambour ni trompette, Hamid Grine en a surpris plus d'un en prenant la défense de cet écrivain, et cela contre son antagoniste de toujours, Jean-Paul Sartre. «Sartre est un bourgeois, a-t-il tonné. Camus, lui, ne l'était pas. Dans sa jeunesse, Camus était pauvre, tuberculeux ; il a véritablement connu la misère, contrairement à Sartre !» Faisant allusion à leurs positions respectives concernant la guerre d'Algérie, Hamid Grine dira : «Sartre n'avait pas de lien viscéral avec l'Algérie, il pouvait parler avec raison !... Camus, lui, parlait avec passion, avec cœur !