Selon une source officielle, pas moins de 22 000 immeubles menaçant ruine sont recensés dans la capitale. La gravité de cette déclaration est pourtant loin de surprendre quiconque, tant la menace du vieux bâti est « apprivoisée » par le commun des Algérois. Les immeubles datant de plus de 100 ans, souvent mal entretenus et encore secoués par plusieurs séismes, finissent par s'écrouler dans une tragique série noire, ensevelissant, sous leurs décombres, des familles en plein sommeil. Si des phénomènes naturels, imprévisibles, sont à l'origine de ces drames, la négligence humaine, quant à elle, n'est pas souvent à écarter. L'immeuble communément connu sous l'appellation « La Parisienne », classé dangereux depuis des années, n'a été vidé de ses locataires récalcitrants qu'à la faveur du drame qui vient d'endeuiller l'hôtel du Square. Dire que lors d'un séminaire sur l'étude de microzonage sismique de la capitale, tenu en octobre dernier, les spécialistes, tant algériens que japonais, s'accordaient à dire que 20 à 50% des communes algéroises seront touchées et quelque 63 000 logements, y compris les différentes structures de l'hôpital Mustapha, seront détruits. Devant tant de menaces réelles, plus au moins héritées de son histoire, Alger continue pourtant à aggraver sa situation. L'absence d'une politique de la ville clairement définie et rigoureusement appliquée a fait que, actuellement, la capitale compte quelque 60 000 constructions illicites, autrement dit, autant de bâti ne répondant pas aux normes de construction. Le devenir de La Casbah doit, lui aussi, être tranché, car les interventions épisodiques et circonstancielles qui y sont menées contribuent, beaucoup plus, à maintenir une situation de chaos et à jeter de l'argent dans un gouffre sans fond qu'à sauvegarder un patrimoine universel. Enfin pour certains observateurs, au fait de la présence de cinq failles actives traversant la capitale, les travaux du métro et la multiplication des trémies fragilisent davantage la ville, avertissent-ils.