Plus de 3000 familles sont concernées par la restauration de ces immeubles menaçant ruine. Durant l'année 2005 Oran a enregistré près de 200 effondrements d'immeubles inscrits au douloureux dossier du «vieux bâti» que traîne la cité oranaise depuis des décennies. A chaque fin d'année, la direction de la Protection civile dresse un sérieux bilan de ses interventions dans ce domaine et présente, photos à l'appui, des statistiques de plus en plus alarmantes. Malgré le record enregistré cette année en termes «d'interventions pour effondrement partiel» - près de 180 cas - l'année 2005 n'a fort heureusement pas été marquée comme par le passé, par de graves catastrophes ayant parfois entraîné la mort de plusieurs membres d'une même famille. Les Oranais se souviennent encore du drame provoqué il y a six ans par l'affaissement d'une bâtisse à la place Gambetta. Depuis, l'endroit a été déblayé des ruines et des gravats, et le terrain devenu vague nargue l'environnement comme une cicatrice urbaine qui ne veut pas guérir. De leur côté, les services de l'OPGI avancent froidement des chiffres et des statistiques, et annoncent en cette fin d'année que plus de 600 immeubles ont été recensés dans la commune oranaise et sont inscrits au programme de restauration et de maintenance du vieux bâti. Les mêmes services précisent que 3181 familles sont concernées par la restauration de ces immeubles menaçant ruine. Des familles qui restent donc potentiellement menacées par la fatalité de l'effondrement du vieux bâti oranais. Un vieux bâti qui ne concerne plus l'habitat des vieux quartiers tels que Derb ou Sidi El Houari, mais qui s'étend aujourd'hui à d'autres zones au centre-ville, à Eckmul, Sidi Snouci et St Antoine... Dès les années 80, une grande opération de réhabilitation et de sauvegarde du vieux quartier historique de Sidi El Houari a été initiée. Mais elle se limitera ensuite à quelques opérations de démolition de plusieurs immeubles en ruine et à la réfection de quelques bâtisses aux alentours de la place Kléber. Le manque de logements neufs pour le recasement des familles délogées, l'insuffisance des crédits et surtout le manque de volonté politique affichée à l'époque pour une prise en charge efficace du dossier semblent justifier les retards et les tâtonnements. D'année en année, l'Opgi annonce pour sa part le lancement d'un nouveau programme de réhabilitation et de maintenance des vieux immeubles. Des opérations qui ont touché surtout des immeubles délabrés, à haute valeur foncière, et qui, une fois rénovés ont servi de siège à une administration ou ont été cédés à quelques opérateurs privés. Beaucoup s'interrogent sur le choix de cette politique de maintenance des vieux immeubles, car on sait qu'il est difficile de faire des travaux dans un logement qui ne peut être facilement évacué par ses occupants même pour une courte période. Ainsi, et si l'on faisait une rapide comparaison entre les chiffres avancés par les bilans officiels de la rénovation du vieux bâti depuis ces dix dernières années, et les «pertes» de logements occasionnées par les effondrements récurrents durant la même période, on se rendrait vite compte de l'inefficacité de la démarche. Chaque année, depuis près de vingt ans, les autorités locales successives avancent le chiffre de «600 à 650 immeubles en voie d'effondrement». Chaque année, de nouveaux bâtiments à risques sont signalés, et chaque année des sommes considérables sont englouties par ces opérations. Pour l'année 2005 en cours, «les travaux de réhabilitation et de maintenance» des immeubles et logements ont mobilisé et englouti un budget de près de 100 milliards de centimes. Mais Oran est encore loin de pouvoir gagner la bataille contre le «vieux bâti». A défaut de stratégie réfléchie pour stopper le fléau de la dégradation des immeubles et de l'effondrement du vieux bâti, ce sera toujours le règne des improvisations et du replâtrage inutile.