Au sujet de la cause sahraouie, Alain Juppé invoque «la médiation américaine pour trouver une solution soit dans le cadre de l'autonomie soit de l'indépendance». Au niveau du Centre culturel français à Oran, et dans le cadre d'un partenariat avec l'université d'Oran, département de droit et des sciences politiques, Alain Juppé ministre français des Affaires étrangères et européennes a répondu à une série de questions préparées par une délégation d'étudiants de cette faculté. Parmi les réponses apportées par M. Juppé, celle concernant la question du pardon est particulièrement précise. «Il faut regarder notre passé commun en face et vous avez raison d'évoquer le devoir de mémoire. Le Président (Nicolas Sarkozy) a été clair et son discours était sans ambiguïté concernant le caractère injuste de la colonisation et les maux qu'il a engendrés mais nous ne sommes pas près d'aller à la repentance. Pour des considérations historiques, nous avons adopté la résolution de ne pas nous lancer dans une repentance généralisée», a-t-il dit. Il fera remarquer toutefois, au sujet des relations bilatérales, que «nous sommes dans une période d'embellie, caractérisée par une confiance mutuelle. Il n'y a pas de conflit entre nos deux pays. Certes, nous ne sommes pas d'accord sur tout mais nous échangeons nos points de vue. Les entretiens avec le Premier ministre (Ahmed Ouyahia) et le président de la République (Abdelaziz Bouteflika), concernant les relations bilatérales et les événements autour de nous et qui ont duré plusieurs heures, ont été très riches et ont eu des résultats excellents.» Interrogé en outre sur l'avenir des investissements français en Algérie, le chef de la diplomatie française note que «dès lors que l'Algérie le souhaite, les investissements peuvent suivre car on ne vient pas s'installer de force. Ce n'est pas une nouvelle forme de colonisation. L'entreprise qui s'installe crée des richesses et des emplois mais l'intérêt est mutuel. Nous sommes déjà présents dans le secteur de l'énergie, des transports, mais nous souhaitons développer le tissu des PME et toutes les opportunités sont bonnes à prendre». Par ailleurs, et au sujet du Sahara occidental, le ministre français dit connaître la position algérienne et celle du Maroc, et fera remarquer qu'il y a «la médiation américaine pour trouver une solution soit dans le cadre de l'autonomie soit de l'indépendance. Mais la question du Sahara occidental n'empêche pas qu'il y ait des contacts entre l'Algérie et le Maroc dans le cadre de l'Union du Maghreb pour investir ensemble». Réactivation du jumelage Oran/Bordeaux «Je compte beaucoup sur la coopération décentralisée car elle apporte une dimension humaine», a déclaré, par opposition aux relations entretenues au plus haut sommet des Etats, Alain Juppé qui est aussi maire de Bordeaux depuis 2006, en visite, jeudi après-midi à Oran en compagnie de son homologue algérien, Mourad Medelci. Les deux villes sont jumelées depuis 2003, à l'époque de son premier mandat à la tête de sa commune, mais le projet a dû connaître des lenteurs. «Cela ne veut pas dire, ironise-t-il, assumant sa double casquette, que les ministres ne sont pas humains mais les approches sont différentes car on est réellement dans la réalité quotidienne.» Le chef de la diplomatie française annonce donc la réactivation du programme qui porte sur plusieurs axes dont le développement urbain et la création d'un espace d'échange de points de vue sur la conservation du patrimoine entre jeunes élèves en architecture. Il cite également les possibilités offertes dans le domaine économique en espérant que la grande rencontre avec les PME françaises, organisée fin mai à Alger sous la direction de Jean-Pierre Raffarin, côté français, et le ministre de l'Industrie, de la PME et de la Promotion de l'investissement, Mohamed Benmeradi, côté algérien, puisse avoir des échos favorables à Oran. Les axes principaux de cette coopération décentralisée ont été définis en mars dernier lors d'une visite d'une délégation oranaise conduite par l'actuel maire de la ville, Hassam Zineddine, qui cite également des possibilités d'assistance technique dans le domaine de la santé pour le futur centre anticancéreux en projet à Oran.