De l'empêchement des élections législatives de juin 2002 à la participation mouvementée du FFS aux élections locales d'octobre de la même année, la Kabylie est revenue, à l'occasion des partielles de novembre dernier, à l'organisation d'un scrutin dans des conditions normales, ayant vu la participation des deux formations traditionnelles et la « bénédiction » du mouvement citoyen. La participation mitigée des électeurs - un peu plus de 30 % - n'enlève rien à l'importance d'un événement qui consacre un retour à une vie politique régulière, permettant aux différents acteurs de s'adresser directement aux citoyens et à ceux-ci d'exprimer librement leurs suffrages. Le retour au débat politique, après le fracas des événements qui ont conduit à la paralysie de la région dans tous les secteurs d'activité, a été un cap psychologique franchi cette année, à la faveur des développements du cycle de dialogue enclenché entre le mouvement des archs et le gouvernement. Les pourparlers entre les délégués du mouvement citoyen et Ahmed Ouyahia ont, entre autres « acquis » engrangés par la structure revendicative des archs, conduit à la dissolution des assemblées locales issues des élections d'octobre 2002. Si les ex-élus ne peuvent pas être qualifiés d' « indus », ils ont été incontestablement « mal élus ». Dans certaines communes, le nombre de voix exprimées était inférieur au nombre de candidats d'une seule liste. Cela n'avait pas empêché les autorités de valider les résultats et d'installer les assemblées locales, avant de les remettre en cause deux ans plus tard, accédant à la requête des archs demandant leur révocation. La nécessité s'était fait sentir sur le terrain, puisque les chefs d'exécutif dans certaines communes, a fortiori les administrateurs nommées là où le vote a été intégralement empêché, ont fait montre, au mieux, d'un laisser-aller qui trouve son explication dans l'absence de légitimité. A la veille de l'ouverture de la campagne électorale en novembre dernier, le FLN défraie la chronique en présentant des candidats dans chaque commune de la wilaya de Tizi Ouzou. Le FFS avait présenté 64 listes sur 67 communes, le RCD seulement 47 sur les 67. L'opposition crie à une OPA de l'administration sur les assemblées locales, à travers notamment les listes d'indépendants. Au final, le FFS sort vainqueur dans 27 communes (après ballottage), le RCD s'est installé dans 19 communes, le FLN dans 9 communes, le RND dans 4. Les indépendants sont sortis majoritaires dans 8 APC. L'implantation des partis progouvernementaux reste symbolique mais les partis traditionnels de la région sont acculés par les électeurs à une profonde remise en cause structurelle, vu la désintégration des « fiefs politiques ». Le FFS a été déboulonné à Aïn El Hemmam et à Aïn Zaouïa, et le RCD déchu à Bouzeguène et Timizart.