L'application du nouveau plan de transport au chef-lieu de wilaya a soulevé la protestation des transporteurs. Des centaines de voyageurs font le pied de grue sur les quais de la gare routière de Tizi Ouzou, à l'entrée Ouest de la ville. Désemparée, bagage en mains, une vieille dame se tortillant au milieu de la foule, lance, d'une voix à peine audible : «Vous avez peut être raison, mais il fallait nous prévenir, nous sommes également concernés».À l'extérieur de l'agence, les taxis sont pris d'assaut. D'autres familles optent pour «le stop» afin rejoindre leurs destinations. Les lignes intercommunales qui partent de la même gare, étaient également bloquées. Les transporteurs contestent leur délocalisation vers la gare intermodale de Bouhinoun. Pour ces professionnels du transport «la gare de Bouhinoun n'est pas conçue pour abriter ce nombre de bus et il est prématuré de prendre une décision dans ce sens». Un transporteur explique : «La gare de Bouhinoun construite dans le cadre du programme de la ligne ferroviaire Oued Aïssi-Thénia. Il n'était pas prévu que l'actuelle agence soit délocalisée. Du moins, on s'attendait à ce qu'on prévoit une station inter-wilayas, à l'image de celle de Bejaïa, qui est bien équipée !» D'un autre coté les protestataires estiment que l'administration a pris une décision «hâtive et unilatérale». «Le directeur veut récupérer les clés de la gare le 1er juillet alors qu'aucune commodité n'a été mise en place en dehors de l'infrastructure. Les accès directs à la gare sont inexistants. Les citoyens seront confrontés, comme nous, à l'insécurité et aux problèmes de l'accessibilité, d'autant plus qu'il n'existe pas de dessertes, pour le moment, entre la ville et la gare ni une passerelle au niveau de l'autoroute pour la sécurité des riverains !». Par ailleurs, les commerçants qui exercent au sein de la gare sont, eux aussi, montés au créneau, inquiets pour leur activité. «Nous avons des contrats qui dépassent la date arrêté par la direction. Qui pourra me garantir la pérennité de mon investissement ; il n'y a pas de locaux à la gare de Bouhinoun. Qu'en sera-t-il de l'avenir de notre activité ?» se demande un commerçant. La semaine dernière les transporteurs assurant les dessertes vers de nombreuses daïras de la wilaya de Tizi Ouzou ont enclenché une grève de deux jours, qui a généré d'énormes désagréments aux voyageurs. Les transporteurs protestaient contre leur délocalisation «hâtive» des aires de stationnement, implantées au chef-lieu de wilaya, vers les nouvelles gares intermédiaires, à la périphérie de la ville de Tizi Ouzou, selon le plan de transport établi par l'administration de wilaya. Ces derniers ont demandé l'aménagement de nouvelles gares intermédiaires avant leur exploitation. A noter que l'essentiel du flux arrivant du versant est, sud-est, du nord et du centre-est (42 communes), totalise 1492 véhicules, soit 74,6% du trafic. Pour rallier le centre-ville, la direction du secteur mobilisera l'entreprise de transport urbain de Tizi Ouzou (ETUTO) et le transport par rail. La délocalisation des 7 aires de stationnement de la ville, qui asphyxient le centre-ville répond à l'impératif de décongestionner le chef-lieu de wilaya tout en mettant œuvre la ligne ferroviaire Oued Aïssi-Tizi Ouzou-Thenia, mais dont la rentabilité laisse à désirer depuis son lancement en juin 2010. Afin de compléter ce schéma, il reste encore aux responsables du secteur d'avancer sur le projet de la remontée mécanique censée relier la gare de Bouhinoun aux hauteurs du Sidi Belloua.