Magasins fermés, transports à l'arrêt, Tizi Ouzou affiche la mine d'une ville paralysée par une grève en ce premier jour de fête. Dans les rues “pavoisées” d'amas d'ordures, des fidèles pressent le pas pour l'accomplissement de la prière de l'Aïd. Dans les mosquées, il y a foule. C'est une journée pas comme les autres. On se coudoie dans la piété pour ne pas rater ce rendez-vous spirituel. Juste après, ce sont les salamalecs usuels, les échanges de vœux puis le sacrifice du mouton. Les parvis des immeubles se muent en abattoir collectif. Des scènes horribles pour les âmes sensibles. Indifférents, les enfants festoient. 10 heures, peu de monde à l'extérieur. Les policiers sont à leur poste. La circulation est timide. Direction la gare routière. Les quais sont vides. Un seul bus à destination d'Alger. Il est plein. Pour les autres départs, il faut repasser. Etrangement, même les taxis clandestins qui habituellement faisaient le “guet” à la sortie de cette station ont déserté les lieux. “Cela fait près d'une heure qu'on est là”, dira un homme d'un certain âge originaire d'Azazga. “Même à Kharouba (Alger) c'est kif-kif. Je me demande où est passé le service minimum qu'on nous ressasse à chaque fois”, ajoute-t-il dépité. 12 heures, la cité n'est toujours pas sortie de sa torpeur. Des ribambelles d'enfants égayent cette atmosphère lugubre devant le jet d'eau du centre-ville. Boulevard Krim-Belkacem, rue Lamali-Ahmed, descente de l'université, pas trace d'un café ouvert. Un restaurant ? Ce serait trop demander. La même ambiance “festive” a prévalu dans les autres quartiers. Seuls quelques kiosques multiservices ont osé braver le “couvre-feu” en restant ouverts. 14h30, retour à la gare routière. Rien de nouveau à signaler. Hormis Alger (deux bus), aucun transporteur n'a franchi le portail de la gare, a-t-on constaté. À la station, en bas du stade du 1er-Novembre, les fourgons se font rares. Pas les voyageurs qui font le pied de grue dans un froid rigoureux. Le mobile collé à son oreille, un père de famille se désole auprès de ses enfants du retard mis pour les rejoindre. “Il ne faut pas s'inquiéter j'arrive inch Allah”. Un peu partout à travers les localités de la wilaya, tout était à l'arrêt. Hier, une timide reprise de l'activité commerciale était perceptible. A. T.