Le procès des présumés auteurs de l'assassinat du chantre de la chanson kabyle, Matoub Lounès, aura lieu avant la fin de la session criminelle en cours à la cour de justice de Tizi Ouzou, selon maître Aït Habib, avocat de l'un des accusés dans cette affaire. «Pendant les épreuves du bac, Malik Medjnoun a été approché par le président de la cour qui lui a réitéré la promesse de la tenue de son procès à la fin de la session actuelle. Le magistrat chargé de l'affaire a terminé son travail le jeudi 16 juin 2011 et a transmis le dossier au parquet général, lequel a demandé à la présidence du tribunal criminel de programmer cette affaire», a-t-il expliqué tout en précisant que la procédure du complément d'enquête demandé par le juge est terminée. De son côté, Me Rahem, l'avocat de la famille Matoub, dira : «Rien ne nous a été notifié pour le moment au sujet de la tenue de ce procès». Me Hanoune, avocat de la veuve du rebelle, a, pour sa part, souligné que ladite affaire n'est pas programmée pour le moment, mais il se peut qu'elle soit enrôlée dans les prochains jours, puisque la session actuelle demeure toujours ouverte. Notons que l'affaire de l'assassinat de Lounès devait être examinée le 9 juillet 2008, mais elle été reportée par la justice pour les besoins d'une enquête complémentaire. La sœur du défunt, Malika Matoub, qui avait présenté à la justice une liste de 51 personnes citées comme témoins dans le procès de l'assassinat de son frère, avait estimé que «la procédure pénale avec laquelle est géré le dossier était totalement bafouée. Il n'y a pas eu d'enquête qui a déterminé que Medjnoun et Chenoui sont les auteurs ou les commanditaires de l'assassinat de mon frère», avait-elle soutenu. Les deux mis en cause dans l'affaire Matoub sont en détention préventive à la maison d'arrêt de Tizi Ouzou depuis leur arrestation en mai 2000. Malik Medjnoun a observé plusieurs fois une grève de la faim pour demander l'accélération de la procédure de son procès. En mars dernier, une délégation d'Amnesty International s'est rendue à Tizi Ouzou pour rencontrer Madjnoun. En vain. Elle n'a pas eu l'autorisation d'entrer à la maison d'arrêt de Tizi Ouzou, ajoute Me Aït Habib, qui poursuit : «Garder deux prévenus douze années durant, en détention provisoire, relève d'un cas unique dans le monde, y compris dans les pays dits démocratiques ou en retard sur l'histoire.»