L'Afrique du Nord et plus précisément ses régions côtières sont assises sur une véritable bombe à retardement. Dans une récente étude qu'elle a publiée et reprise par l'agence APS, la Banque mondiale a relevé que ces régions faisaient face à une menace croissante de l'impact des catastrophes naturelles, qui s'intensifieront avec le début des changements climatiques. L'étude intitulée «Adaptation aux changements climatiques et les risques des catastrophes naturelles dans les villes côtières d'Afrique du Nord», a été réalisée entre 2009 et 2011 dans trois villes-échantillons qui sont Tunis, Casablanca et Alexandrie. Elle a conclu qu'au cours des deux prochaines décennies, ces trois villes enregistreront chacune des pertes d'un milliard de dollars en raison de la menace croissante de l'environnement à laquelle elles font face telles que les inondations, les tempêtes et l'érosion côtière. Selon le spécialiste principal en milieu urbain à la Banque mondiale et membre du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), Anthony G. Bigio, le changement climatique, dans n'importe quel scénario, intensifie l'exposition des villes à ces menaces. La BM signale que le GIEC classe l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient comme la deuxième région la plus vulnérable dans le monde aux impacts du changement climatique. Selon les statistiques, sur une période de 25 ans, les villes côtières d'Afrique du Nord ont été touchées par 276 désastres naturels, dont 120 pendant les cinq dernières années et d'une moyenne annuelle de 3 catastrophes naturelles en 1980, on est passé à plus de 15 en 2006. L'étude précise aussi que les risques qui pèsent sur ces trois villes couvertes par cette étude sont semblables à ceux rencontrés par beaucoup d'autres sur la côte sud de la Méditerranée. Par ailleurs, des niveaux élevés d'urbanisation et la croissance de la population augmentent encore les risques. En 2010, quelque 60 millions de personnes vivaient dans les villes côtières du sud de la méditerranée et le nombre devrait atteindre les 100 millions en 2030.
L'urbanisation rapide «souligne le fait que les villes côtières de la région jouent un rôle extrêmement important économiquement, culturellement et politiquement», explique la BM qui précise que les perturbations et les dommages causés par les catastrophes naturelles se répercuteraient à l'échelle nationale dans tous les pays. Pour le spécialiste principal en milieu urbain à la Banque mondiale, M. Bigio, si cette étude présente les outils qui aideront les villes de la région de l'Afrique du Nord à identifier les pertes potentielles, l'étape suivante devra consister à fixer des priorités et à mobiliser les investissements nécessaires pour faire face à ces menaces.