Malgré les efforts de la municipalité, de l'avis de beaucoup, l'essor de la région n'est pas pour demain. Nous souffrons de multiples insuffisances dans tous les secteurs d'activités, mais je pense que pour le moment les préoccupations prioritaires de notre population sont l'amélioration de la couverture sanitaire et la modernisation du CW 1. Leur prise en charge doit se faire urgemment».Toufouti Arezki, habitant du village Tasga, nous dépeint, en quelques mots, les attentes des citoyens du douar Ikedjane (commune de Tifra) qui ont l'impression de vivre quasiment en marge du développement. Niché au flanc de la forêt d'Akfadou, avec comme principale ouverture le CW1, un chemin dont la section située entre le PK 15 et le PK 22, défoncée et étroite, empêche toute circulation fluide, Ikedjane se retrouve quasiment étranglé et peine à rompre, depuis des lustres, avec l'isolement. Fraction de la grande tribu d'Ath Mansour, fort de ses nombreux villages et de sa population qui avoisine les 4000 âmes, le douar Ikedjane réclame aujourd'hui un véritable plan de développement local pour juguler l'enclavement étouffant et contribuer à la fixation des populations, attentives actuellement aux sirènes de l'exode rural.L'exemple du petit village Hennied, naguère habité et plein de vie, déserté aujourd'hui par ses habitants est à ce titre très édifiant. Si les efforts de la collectivité pour endiguer les mauvaises conditions de vie sont visibles à travers les multiples travaux engagés par l'APC, il reste que des retards cumulés depuis l'indépendance ne peuvent être rattrapés en trois ou quatre années. «La région d'Ikedjane possède quelques infrastructures en exercice ; mais à dire vrai, c'est insuffisant. Le développement de la région exige des efforts supplémentaires car beaucoup reste à faire pour satisfaire la population» déclare Nadir Slimani, un citoyen d'Aït Mahiou, qui détaille à l'occasion une liste des déficits enregistrés dans la région en matière de développement. Ainsi, du manque d'eau potable au pullulement des décharges sauvages, la kyrielle de doléances exprimée par les citoyens ressemble à quelque chose près aux revendications de la majorité des villages kabyles : manque de transport, destruction de la forêt, éclairage public insuffisant, réseau d'AEP et d'assainissement approximatif, routes défoncées et étroites, fossés et caniveaux non aménagés, absence de téléphone fixe, absence de moyens de divertissement… En un mot, des manques et des insuffisances partout. «Tous les domaines, même s'ils ne sont pas au rouge, clignotent quand même, et nécessitent d'être pris en charge» nous déclare, dans ce cadre, un citoyen rencontré à Ighil Thala, endroit où, en dépit de sa configuration accidentée et en pente, l'APC tente d'y faire naître au forceps un centre urbain qui rayonnerait sur toute la région.Déjà, un CEM, une bibliothèque, un centre de santé et une agence postale y sont implantés et fonctionnent pour certains, depuis des années.D'autres projets, s'inscrivant dans la concrétisation des ambitions nourries par l'APC pour ce secteur, sont en cours de réalisation. «A coté de la prise en charge des urgences des divers villages, nous nous attelons malgré les difficultés à faire de Ighil Thala un pôle urbain qui concourra au développement de toute la localité. Ainsi, après avoir clôturé le projet de bibliothèque communale et de stade de proximité, nous avons lancé immédiatement les travaux d'extension du centre de santé, de construction d'une antenne administrative et d'un foyer de jeunes. En tous cas, nous faisons de notre mieux pour pallier à toutes les insuffisances» souligne à ce propos Meksem Rabah, le P/APC. Mais, malgré les efforts de la municipalité, de l'avis de beaucoup, l'essor de la région n'est pas pour demain. Car, avec son étendue au relief géographique escarpé, l'éparpillement des 27 villages qui la composent et l'absence de ressources propres, la commune ne saurait répondre favorablement aux multiples préoccupations de la région. Situation qui, selon certains habitants d'Ikedjane, ne peut trouver de véritables solutions que dans le rehaussement de cette région, dans le prochain découpage, en commune.