Retour à la limitation des mandats», «dissolution du Parlement», «organisation d'un débat général sur les réformes politiques», «Assemblée constituante», «changement du système de gouvernance». Les chefs de parti, les responsables des associations et syndicats ainsi que les personnalités ayant accepté de jouer le jeu et de prendre part aux consultations sur «les réformes politiques», clôturées mardi dernier, n'ont pas respecté la conception «du changement» proposée par le pouvoir. Leurs suggestions et propositions débordent au-delà du cadre délimité par le président Bouteflika qui souhaite aller à une révision générale des textes législatifs, en particulier la loi fondamentale du pays. Leurs contributions confirment, en effet, le débat actuel autour du changement que des responsables au pouvoir et sa périphérie tentent de taire par tous les moyens. Le désir du changement est donc une réalité nationale. Même les plus réfractaires à cette idée ont fini par céder sur certains points, notamment le principe de l'alternance au pouvoir. Un principe remis en cause depuis la levée, en novembre 2008, de la limitation des mandats présidentiels en amendant l'article 74 de la Constitution. Le vent a tourné. Même ceux qui, en 2008, ont estimé que «la limitation des mandats est antidémocratique», donnent l'impression d'avoir changé d'avis trois ans plus tard. Les partis au pouvoir (RND et MSP) et les organisations de «la société civile» du régime demandent tous le retour à deux mandats. D'autres personnalités et syndicalistes plaident pour l'introduction du principe d'intangibilité de l'article de la Constitution qui limite les mandats présidentiels pour mettre fin à la présidence à vie. L'autre demande évoquée avec insistance, durant un mois de consultations, est la dissolution du Parlement. Les avis convergent sur cette question. La classe politique, à quelques exceptions, reconnaît le déficit de représentativité d'une institution parlementaire élue avec, seulement 35% des électeurs, selon les chiffres officiels. «Il faut dissoudre le Parlement et élire une nouvelle assemblée avant la fin de l'année en cours», exige la majorité des invités de Abdelkader Bensalah, président de l'instance de consultations. N'ayant pas pu recevoir les poids lourds de la politique nationale qui ont décliné son invitation, Abdelkader Bensalah n'a pas toutefois échappé à des constats et des observations les plus critiques sur le système. Un système qualifié de «désuet» et «d'incapable» à régler les problèmes de la société et de répondre à ses aspirations. La demande du changement du système, et même d'aller vers une Assemblée constituante comme unique solution à la crise multiforme qui couve dans le pays, est revenue plusieurs fois lors de ces consultations. Cette idée refusée par les détenteurs du pouvoir, fait aussi le consensus aujourd'hui.Les convives de la commission Bensalah ont également mis l'accent sur le non-respect des lois de la République par ceux qui sont censés les protéger, en l'occurrence les responsables du pouvoir. «Le problème n'est pas dans les textes, mais dans l'application de ces textes», soutiennent-ils. Car théoriquement, les textes législatifs consacrent les droits et les libertés, mais pas dans la pratique. Quel sera le sort à réserver à toutes ces propositions ?