Amar Takjout, secrétaire général de la Fédération nationale du textile et cuirs, dénonce la levée de l'interdiction de l'importation de la friperie et menace de rassembler les 18 000 travailleurs du secteur devant l'APN. L'Algérie n'est visiblement pas prête à s'affranchir du qualificatif de «pays poubelle». L'interdiction de l'importation de la friperie, instituée dans la LFC 2009 votée par ordonnance, n'a finalement duré que deux années avant que la volonté des «représentants» du peuple ne décide autrement. Un amendement proposé par quatre députés (deux du RND, un du MSP et un autre indépendant) et adopté par la commission des finances et du budget de l'APN, lève ainsi l'interdiction de l'importation des vêtements déjà utilisés et ouvre la voie au retour en force du chiffon dans nos magasins. Cet amendement est motivé par le fait que le secteur de la friperie devra «générer» 15 000 emplois. Les auteurs de l'amendement iront loin en justifiant la levée de l'interdiction de l'importation de la friperie par le fait que les vêtements utilisés continuent à être importés par des circuits informels. «Autant le faire légalement», précise-t-on dans l'exposé des motifs. Ahurissant ! Au lieu donc de combattre cette activité informelle, on décide plutôt de l'encadrer et l'encourager par un texte de loi. Le ministre des Finances, Karim Djoudi, s'est opposé à cet amendement en rappelant l'orientation actuelle du gouvernement qui soutient la relance de l'industrie du textile, énumérant au passage les différentes mesures prises telles que l'effacement des dettes des entreprises publiques, chiffres à l'appui. Mais cela n'a pas empêché la commission, composée de représentants de tous les partis siégeant dans la Chambre basse du Parlement, d'adopter le retour à l'importation de la friperie en concédant au ministre l'exclusion de la chaussure. L'importation, précise-t-on dans le même amendement, doit passer «exclusivement» par le port. Reconnaissant que les vêtements déjà utilisés représentent un danger pour la santé publique car transporteurs de parasites comme celui de la gale, la commission demande au gouvernement de garantir le contrôle sanitaire de ces vêtements. En même temps, elle fait remarquer que les services des Douanes ne sont pas dotés de moyens pour effectuer des contrôles sanitaires telles les analyses parasitaires. Ceux du commerce également non pas les moyens d'assurer ce contrôle. Autrement dit, le contrôle sanitaire ne sera pas effectué sur la friperie importée, ce qui va exposer les Algériens à un véritable danger de santé publique. Présentant justement des risques pour la santé, la friperie a été interdite à l'importation dans plusieurs pays d'Afrique, comme le Gabon ou encore le Ghana. Cet amendement n'a pas tardé à faire réagir la Fédération nationale du textile et cuirs. Son secrétaire général, Amar Takjout, estime que cette décision est contraire à la volonté affichée par le gouvernement de relancer le secteur du textile et du cuir en lui injectant 2 milliards de dollars. «C'est une vision misérabiliste qui consiste à faire de l'Algérie un réceptacle de toutes les vieilleries de l'Europe», tonne-t-il, regrettant que cela vienne de ceux qui sont censés défendre l'intérêt du peuple et le protéger. Dénonçant vivement cet amendement, Amar Takjout a menacé de mobiliser tous les travailleurs du secteur, dont le nombre avoisine les 18 000, et les rassembler devant l'APN. Il a également dénoncé «le laxisme de l'Exécutif qui aurait pu agir de sorte à empêcher qu'une tel amendement ait lieu». Pour lui, l'argument de l'emploi ne tient pas la route, car convaincu que le premier secteur vecteur de l'emploi est celui du textile et non pas l'importation.Il veut pour preuve, la Russie qui œuvre actuellement à reprendre son marché du textile, en faisant face aux concurrents chinois. En 2008, l'importation de la friperie s'est élevée à 13 millions de dollars.