En plus du manque d'hygiène patent, de l'inconfort et des mauvaises conditions de travail, le corps médical active dans un climat d'insécurité. Le pavillon des urgences médicochirurgicales du tout nouveau établissement public hospitalier (EPH) de Chelghoum Laïd, est sous l'emprise d'une engeance d'énergumènes qui menacent, voire terrorisent impunément la corporation féminine des médecins. C'est ce que nous a déclaré une quinzaine de praticiennes rencontrées sur place. «Nous vivons ces derniers temps un véritable climat d'insécurité induit par la multiplication de menaces et d'agressions tant physiques que verbales, alors que l'hôpital est censé être doté d'agents devant réguler le mouvement des visiteurs et nous protéger contre les dépassements en tout genre», se sont-elles indignées. Que faisaient les préposés à la sécurité de l'établissement, et où étaient-ils au moment de la survenance de ces actes répréhensibles ? Telles sont les questions posées par les intéressées qui n'arrivent pas à s'expliquer qu'elles soient harcelées et violentées par des quidams sur les lieux mêmes du travail. Le pire, selon leurs dires, c'est que lorsqu'elles se mettent à s'insurger et dénoncer les harcèlements qu'elles subissent au quotidien, elles sont menacées de rupture de la relation de travail, vu que la plupart d'entre-elles ne sont pas confirmées dans leurs postes respectifs. Harcèlements répétitifs Craignant donc d'éventuelles mesures répressives, nos interlocutrices ont, sous le sceau de l'anonymat, révélé qu'«en date du 29 mars passé, vers 12h30, deux femmes-médecins ont été menacées et traitées de tous les noms d'oiseau par deux personnes accompagnant un malade». Selon leurs dires, le même scénario se répéta le même jour vers 15h30, lorsqu'un patient (pantalon baissé jusqu'aux pieds) a agressé verbalement une équipe de quatre médecins sans la moindre intervention des services concernés. En date du 17 avril, une femme médecin a été brutalisée par une patiente déchaînée et s'en est sortie avec un certificat d'incapacité de 5 jours délivré par le médecin légiste. Pas plus tard que mardi dernier, un énergumène, profitant de l'absence d'agents de sécurité, des infirmiers et du directeur de garde, s'est introduit à 3h30 du matin dans la chambre de garde, dont il a forcé la porte barricadée par une médecin avec un réfrigérateur pour parer l'attaque de son agresseur. Résultat : entorse grave du poignet ayant nécessité la pose d'un gant plâtré. En réaction à ces deux derniers incidents ayant fait l'objet de rapports circonstanciés, la direction de l'EPH a provoqué un conseil médical extrême et décidé du renforcement de la fonction sécurité avec l'apport de quatre agents. A ce juste propos, les concernées considèrent qu'il «est vain et inutile de renforcer le dispositif sécuritaire si nous devrions continuer à subir le diktat de voyous et d'intrus».