Le projet de révision constitutionnelle marocain que le roi Mohammed VI a prévu de soumettre à référendum populaire le 1er juillet prochain a réaffirmé clairement les frontières actuelles revendiquées par Rabat, incluant le Sahara occidental. Le roi, qui veut conserver ses pouvoirs régaliens en matière de défense et de politique étrangère, entre autres, vient ainsi de confirmer le fait colonial marocain sur ce dernier territoire en Afrique encore sous domination coloniale. Les partisans d'une paix fondée sur les résolutions de l'ONU appelant à l'organisation d'un référendum libre d'autodétermination du peuple sahraoui ont espéré, en vain, un geste d'ouverture dans le cadre des réformes constitutionnelles marocaines dans le sillage des négociations de paix maroco-sahraouies sous l'égide de l'ONU qui se heurtent à l'intransigeance marocaine. Dans le débat politique fort animé sur fond de manifestations de rue de l'opposition qui plaide pour des réformes constitutionnelles profondes du régime monarchique marocain dans la voie d'un système monarchique parlementaire, le dossier de la politique étrangère du Maroc et particulièrement le conflit du Sahara occidental a été complètement occulté des joutes politiques. Le consensus autour de la thèse de la marocanité du Sahara occidental apparaît toujours de mise au sein de la classe politique marocaine toutes tendances confondues ainsi que de la société civile. Même le Mouvement des jeunes du 20 février qui a amené le pouvoir marocain à concéder quelques réformettes politiques de façade pour être dans l'air du temps, par la mobilisation de ses militants, dans l'euphorie du printemps arabe, ne semble pas s'offusquer de ce déni de justice fait au peuple sahraoui depuis 1975. Beaucoup de démocrates dans le monde parmi les sympathisants de ce mouvement populaire qui a réussi, avec un courage qui a suscité l'admiration et le respect dans le monde, à casser un tabou en ouvrant le débat sur la nature et les fondements du régime marocain avaient fondé de grands espoirs sur ce mouvement pour désacraliser ce dossier et rétablir le peuple sahraoui dans ses droits légitimes. On n'a pas entendu une seule déclaration des responsables de ce mouvement citoyen sur ce dossier qu'ils ont pris bien soin d'évacuer de leur projet de réformes démocratiques. Quant à afficher clairement des positions allant à contresens de la thèse du palais royal sur cette question, il faudra repasser ! Ce silence des militants du Mouvement du 20 février sur un fait accompli colonial dénoncé comme tel par la communauté internationale porte sérieusement ombrage à la crédibilité des réformes démocratiques portées par ce mouvement. On ne peut se prétendre démocrates et se battre pour des idéaux de liberté, de démocratie, de paix et cautionner un projet colonial, les atteintes aux droits de l'homme au Sahara occidental et le premier d'entre eux, celui que revendiquent les Sahraouis de vivre libres et indépendants dans leur pays ! Le Mouvement doit se déterminer clairement par rapport à cette question. Sans quoi, il perdra toute crédibilité ainsi que le capital de sympathie qu'il a suscité dans les milieux épris de paix et de démocratie de par le monde. 27 février 1976 : proclamation de la République arabe sahraouie démocratique (RASD). 20 février 2011 : naissance du Mouvement citoyen marocain. Deux dates, deux destins.