Insolite. Le défoulement favori des montagnards de Bouzina, une localité perdue au cœur des Aurès, à 80 km au sud-ouest de Batna, est la fermeture d'un moment à un autre du siège de la commune simultanée parfois à celle de la daïra, institution qui a perdu la deuxième commune Larbaâ au cours de la décennie terroriste où les populations ont quitté les lieux et attendent toujours les subventions de l'Etat pour y retourner. Récurrente, la mise à clé du siège communal est liée à la gestion hasardeuse de la collectivité par les élus du RND depuis 1997. Le wali de Batna, Bouazgui Abdelkader, a ordonné une enquête que mèneront le DRAG, le DRAL et l'inspecteur de wilaya, suite à des doléances émanant des notabilités de la région, à l'issue d'une réunion à laquelle a assisté le coordinateur de wilaya du parti d'Ouyahia. La genèse du malaise remonte à septembre dernier, lorsque l'APC s'est essayée à un piquage sur une conduite AEP pour alimenter en eau le nouveau lycée. Des citoyens sont intervenus et ont empêché l'entreprise. « Nous ne sommes pas contre l'AEP du lycée », clament-ils. « Les intentions de l'APC sont autres », croient savoir les protestataires. Le président de la municipalité, pour apaiser les esprits, a réuni ses membres au nombre de 11, dont 9 ont décidé la déchéance du vice-président. Un des leurs et qui auparavant avait délégation de signature. Les signataires concèdent quand même au responsable déchu la qualité de membre sans portefeuille. La région rurale et montagnarde n'échappe pas aux frasques de l'esprit tribal, et les remous successifs au sein de l'exécutif communal sont évidemment fréquents et explicables. Il est malheureux de constater que les querelles intestines d'élus de l'Algérie profonde pénalisent les pauvres populations prises en otage et confrontées aux affres de la rigueur du climat sibérien, à l'enclavement, au chômage, aux maladies, à l'ennui et à l'oisiveté des jeunes gaillards, dont la seule activité est la garde de cheptel ou un hypothétique jardinage dans les vergers en attente de la réception des mirifiques projets de la Générale des concessions agricoles. Pourtant, le désenclavement de Bouzina est attendu depuis des lustres par ses habitants. « L'ouverture d'une piste à travers la montagne reliera notre ville (chef-lieu de daïra) à la ville de Aïn Touta (35 km de Batna) », propose un médecin installé à Batna qui déplore que le vieux Bouzina en voie de dégradation soit délaissé par les autorités touristiques. Agriculture de montagne et tourisme, deux atouts de taille occultés par les élus qui ne finiront jamais les guerres du siècle.