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Le « frik » ne fait pas toujours le bonheur
Conflit autour des terres agricoles à Biskra
Publié dans El Watan le 03 - 07 - 2011

Les gens s'entretuent parce que l'Etat ne prend pas ses responsabilités quant à l'application de la loi, et souvent en matière de législation efficace.
Il y a une quinzaine de jours, au moment de moissonner le blé et l'orge, la sérénité légendaire de la commune de Khanguet Sidi Nadji, a été brisée par de violentes altercations entre les fellahs de ce ksar séculaire, connu pour sa douceur de vivre, et d'autres venus de la wilaya limitrophe de Khenchela pour revendiquer le droit de bénéficier de la manne agricole de cette commune. Les belligérants se sont même affrontés à coups d'armes blanches et de faux. Plusieurs blessés, dont quatre dans un état grave, ont été dénombrés. Depuis, le village vit au rythme de ce conflit, et les parties opposées menacent chacune de représailles. Un voile d'angoisse diffus et de désir de vengeance hante désormais les esprits. Les fellahs de Khanguet Sidi Nadji ont alors bloqué le siège de l'APC pour dénoncer la passivité des autorités locales.
Le calme légendaire rompu
Adossé au flanc sud de la chaîne montagneuse des Aurès, Khanguet Sidi Nadji, à 100 km à l'extrême nord-est de Biskra, est un de ces villages ancestraux jalonnant l'oued El Arab. La vie des habitants y tourne essentiellement autour du travail de la terre, laquelle irriguée par les alluvions aurésiens, est nourricière. «Tous les marchés du pays sont alimentés par les fruits et les légumes produits ici», nous a-t-on assuré. Le «frik» et le «mermez» (respectivement obtenus à partir d'épis de blé et d'orge fauchés avant maturité complète utilisés dans la chorba) y sont de qualité supérieure. Beaucoup de familles de Constantine, Annaba ou Alger en commandent une bonne part pour le mois du Ramadhan ou pour leur consommation annuelle. Evidemment, les céréaliers en tirent de substantiels revenus, ce qui suscite bien des convoitises. Au point de se battre ! Les subventions distribuées à tire-larigot aux producteurs de céréales seraient aussi pour quelque chose dans cette recrudescence de conflits entre tribus. Sinon comment expliquer cette folie meurtrière qui embrase les esprits des agriculteurs. Après les fellahs de Loutaya, Doucen et Besbes, ceux d'Oumache ont aussi organisé un rassemblement, ce week-end, pour dénoncer l'exploitation de leurs terres par d'indus occupants.
Chacun met en avant son bon droit
Concernant Khanguet Sidi Nadji, il faut savoir que de tout temps, les différentes tribus de la région ont partagé équitablement le fruit de leur labeur commun. Certains disent même que le privilège d'exploiter cette terre leur avait été conféré il y a plus d'un siècle, au moment de l'avènement du « Nouveau Senatus consulte » promulgué par le gouvernement français pour mieux asseoir sa domination territoriale sur l'Algérie. Mais ni les colons, ni la révolution agraire, ni les plans successifs de partage et de revalorisation des terres agricoles initiés par les différents gouvernements qui se sont succédé depuis l'Indépendance, n'ont jamais pu entamer le profond attachement des fellahs de cette commune à ces quelques milliers d'hectares de terre qu'ils défendent jalousement. D'ailleurs, précisons que dans ce conflit, chacun se dit être dans son bon droit, ce qui complique les choses et fait que l'issue ne semble pas se dessiner d'après les derniers développements. En principe, ces terres, objet du litige, sont versées automatiquement aux biens de l'Etat comme le stipule une loi sur les terres dites « Arch ». Mais, durant des décennies, elles ont été laissées au bon vouloir des tribus. Ainsi, nonobstant les frontières administratives, beaucoup de familles paysannes des villages de Djellal et d'El Ouldja, dans la wilaya de Khenchela, se sont établies à Khanguet Sidi Nadji, dans la wilaya de Biskra, et vice-versa. La vie ne fut pas un long fleuve tranquille, mais elle était néanmoins emprunte de bonne entente entre tous les habitants du village et des alentours. «La rupture est consommée entre les tribus de Biskra et de Khenchela qui ont toujours cohabité en bonne intelligence sans que des considérations d'ordre ethnique soient venues brouiller leurs relations, mais elles se battent maintenant pour un bout de terre.», note un habitant de Khanguet Sidi Nadji, outré par ce qui arrive à sa localité.
Des mesures en deçà des attentes
Afin de désamorcer ce conflit qui commence à prendre les allures d'une confrontation inter tribus que d'aucuns affuble déjà du nom de « Guerre du Mermez et du Frik », le wali de Biskra a émis une ordonnance interdisant à toutes les parties en conflit de procéder au moissonnage des céréales. Les gendarmes se sont alors évertués à faire respecter cette décision du chef de l'exécutif et aucun fellah n'a pu couper ses épis. Nouveau rebondissement dans cette affaire symptomatique du malaise traversant le monde agricole dans son ensemble: le maire et 5 élus sur les 7 membres du conseil municipal de Khanguet Sidi Nadji, ont décidé, la semaine dernière, de présenter leur démission collective en réaction à cette ordonnance du premier responsable de l'exécutif. «Une telle décision nous discrédite par rapport à tous les habitants de Khanguet Sidi Nadji, particulièrement les agriculteurs qui attendaient une décision en leur faveur, d'autant plus qu'un jugement de la haute Cour, de 2006, leur donne le droit de jouir de ces terres appartenant à leur tribu. Nous ne pouvons plus nous acquitter de notre mission dans ce climat de fitna (discorde) qui règne dans notre commune», ont déclaré les démissionnaires de l'APC composé de 4 membres PT, de 2 FLN et de 2 RND.
Agriculteurs en colère de n'avoir pas pu moissonner, conseil municipal démissionnaire, siège de l'APC bloqué et habitants englués dans un conflit à caractère tribal, voilà la situation qu'ont tenté de démêler, Brahim Saou, député du RND, Abdelmadjid Khobzi, personnalité influente du secteur industriel, Mourad Charroune, président du bureau de wilaya du PT, Azzedine Slimani, membre de l'APC de Biskra et représentant du conseil de wilaya du RND et le chef de daïra de Zeribet El Oued, lors d'une réunion générale de tous les protagonistes, tenue ce vendredi matin à Khanguet Sidi Nadji. Les médiateurs ont tenté de convaincre les agriculteurs et habitants de ce village de lever leur siège de l'APC et, dans un second temps, d'exhorter les élus municipaux à revenir à de meilleurs sentiments en sursoyant à leur décision de démissionner. Une quinzaine de clans, représentant les 5 tribus du village ont pris part à cette rencontre afin de ramener le calme dans la région, selon un membre de cette commission de bonne volonté. Les agriculteurs originaires de Khenchela ont refusé de s'asseoir à la table des pourparlers. Ainsi, le statu quo se poursuit.


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