Dans une évaluation de la première phase du processus politique engagé par le chef de l'Etat, le conseil national (CN) du Front des forces socialistes (FFS), réuni en session ordinaire les 1er et 2 juillet, est arrivé à des «conclusions provisoires». Le FFS estime que «la tentative de recréer un débat politique pèche par la volonté de lui imposer des limites et de le cadrer». Dans son analyse, le FFS considère qu'«on continue à céder à la facilité d'inviter des représentations politiques et sociales préfabriquées. Rappelons-nous la place et le rôle de certains acteurs politiques et sociaux en 1992 ! Rappelons-nous du CNSA et du rôle qu'on a fait jouer à la 'société civile'», est-il souligné dans une déclaration sanctionnant les travaux du CN rendue publique hier. Pour le FFS, la mission de cette première phase du processus politique est claire : «Manifestement, elle a surtout servi d'écran de fumée et également à jauger la détermination et les demandes de l'opposition, la vraie ; comme elle a servi à poser la stratégie des décideurs», note la déclaration du plus vieux parti de l'opposition. Ce dernier estime que «l'inversion des priorités par le pouvoir n'est pas innocente et peut paraître paradoxale. Elle répond cependant bien aux priorités des décideurs et aux inflexions qu'ils souhaitent imposer aux Algériens. Notons tout de même qu'il y a encore des hésitations». Ceci et de supposer que «les discussions seront apparemment appelées à se poursuivre, elles seront difficiles et incertaines. Comme sont imprévisibles les théâtres où se dérouleront les marchandages futurs». Evaluant la stratégie globale du pouvoir dans ce contexte national qualifié d'imprévisible, le FFS analyse que «les décideurs n'aiment pas leur position en première ligne devant un mouvement social qui assiège El Mouradia. Les décideurs ne souhaitent pas se retrouver seuls devant le ‘tsunami' social menaçant malgré les mesures financières prises». Et de continuer son évaluation en décelant que le pouvoir exprime «le besoin d'une nouvelle légitimité et d'un consensus politique et social rénové. Le pouvoir a besoin de nouvelles bases pour la stabilité du système politique qu'il a mis en place au lendemain de l'indépendance». Le FFS note que dans sa stratégie de faire survivre le système, le pouvoir s'adosse à tous les supports : «Quoi qu'il dise, quoi qu'il fasse, le pouvoir a besoin de nouvelles forces politiques et sociales. Le pouvoir a besoin de l'opposition. C'est le prix à payer pour consolider sa position à l'intérieur, mais aussi sur les plans régional et international.» Face à cette stratégie d'auto-survie du pouvoir, la société est dans une autre dimension, celle de «la volonté des millions de jeunes à prendre leur destin en main». Le CN du FFS estime que «la jeunesse algérienne, dans toutes ses composantes, urbaine et rurale, étudiants, chômeurs, jeunes femmes, est soumise à toutes les violences. L'extrême est atteint, et les mots ne suffisent pas, pour décrire, le drame des harraga, la tragédie des suicides par immolation mais aussi par la dureté des mouvements de contestation, notamment des étudiants, médecins résidents, enseignants contractuels, jeunes chômeurs…». Tout en soulignant qu'il est encore prématuré de mesurer l'impact des événements qui se déroulent dans le monde arabe sur la crise algérienne, le conseil national du FFS se félicite de «la force du mouvement social» et souhaite que s'établissent «les jonctions et rassemblements entre les différents acteurs sociaux pour donner toute son efficacité à leur action». Appelant les différents acteurs politiques et sociaux à un effort «éthique», le FFS «réaffirme sa disponibilité à un dialogue politique pluriel, ouvert et créatif».