Après le coup de théâtre de vendredi, une question se pose : Dominique Strauss-Kahn reviendra-t-il sur la scène politique française s'il venait à être relaxé ? A-t-il encore un avenir politique ? Paris. De notre correspondante Du côté des socialistes, la question est dans tous les esprits depuis le retournement spectaculaire, vendredi, dans l'affaire DSK avec la remise en cause de la crédibilité de la plaignante par le bureau du procureur. Libéré sur parole vendredi, Dominique Strauss-Kahn reste poursuivi par la justice américaine pour crimes sexuels. Il sera définitivement fixé sur son sort le 18 juillet. Alors que les choses étaient réglées depuis l'interpellation, le 14 mai dernier à New York, par la justice américaine, de Dominique Strauss-Kahn, donné candidat socialiste favori de l'élection présidentielle de 2012, le rebondissement survenu vendredi sème le trouble parmi les socialistes. Les avis sont partagés. François Hollande, le candidat à la candidature le mieux placé, selon les sondages, à la primaire socialiste, s'est dit favorable à un report de la date de clôture des dépôts de candidatures fixée au 13 juillet à minuit, alors que DSK doit se présenter devant le juge américain le 18 juillet pour être fixé sur la suite du processus judiciaire le concernant. Martine Aubry, qui s'est réjouie à Lille que la «vérité progresse en faveur de Dominique Strauss-Kahn», a refusé de répondre aux questions sur les conséquences de ce rebondissement pour la primaire socialiste. Le premier secrétaire par intérim du PS, Harlem Désir, a déclaré vendredi soir : «Il faut que nous continuions (…) à faire en sorte que celles et ceux qui souhaitent être candidats dans ces élections primaires puissent se présenter devant les Français.» «La période de dépôt des candidatures est ouverte, mais je crois qu'il n'y a pas de raison de revenir sur le calendrier.» Une suspension des primaires «n'est pas à l'ordre du jour», a assuré officiellement le porte-parole Benoît Hamon. Jean-Marie Le Guen, député de Paris proche de Dominique Strauss-Kahn, a jugé «tout à fait prématuré» d'évoquer le retour politique de Dominique Strauss-Kahn. La conseillère régionale d'Ile-de-France, Michèle Sabban, a demandé une «pause» dans le processus pour permettre à DSK de s'exprimer. Michèle Sabban avait parlé de complot contre Dominique Strauss-Kahn au moment où éclatait l'affaire. De fait, du côté des socialistes les jeux sont loin d'être faits. Mais DSK lui-même aura-t-il envie de revenir de sitôt à la politique après avoir touché le fond et vécu un véritable cauchemar ? «Il s'exprimera lorsqu'il sera en France et lavé de tout soupçon», a déclaré Me Jean Veil, son avocat français. La décision lui appartient, certes, mais son image auprès de l'opinion publique, quand bien même il serait blanchi, n'est-elle pas entachée par cette déplorable affaire ? Les révélations sur son mode de vie risquent de peser lourd, estiment des analystes. «S'il est lavé de tout soupçon, il faudra voir exactement quelles conséquences cela peut avoir sur le processus des primaires, sur un éventuel retour que je vois tout de même difficilement», estime Pascal Perrineau, directeur du Centre de recherche politique de l'institut de sciences politiques de Paris (Cevipof). «Tant qu'un doute fort subsiste sur le comportement qu'il a eu, même si ce comportement n'est pas aussi criminel qu'on a bien voulu le dire, un retour me semble vraiment très difficile», ajoute-t-il. Si la vie privée de Dominique Strauss-Kahn était connue de ses proches et certains journalistes, depuis son affaire américaine, elle a été étalée dans les médias du monde entier, faisant l'objet de moult commentaires et analyses. L'affaire DSK aura montré que la vie privée d'un homme politique n'est pas sans effet sur sa vie publique et qu'il y a un seuil, loin de toute considération morale, à ne pas franchir.