Depuis samedi, l'affaire du patron du FMI, Dominique Strauss-Kahn, est le sujet numéro un à travers le monde. Les chaînes de télévisions, les radios, la presse écrite et électronique réservent des éditions complètes et en continu sur l'inculpation d'un homme fort en France et sur la scène financière internationale. Strauss-Kahn qui fait l'objet de sept chefs d'accusation, dont acte sexuel criminel et tentative de viol et de séquestration, les rejette tous et clame son innocence. Des accusations passibles d'une peine de prison pouvant aller jusqu'à 74 ans et trois mois, selon des documents judiciaires. Il a été inculpé dimanche d'agression sexuelle, de tentative de viol et de séquestration par le parquet de New York après les accusations d'une employée d'un grand hôtel de la ville. Après sa première comparution publique devant la justice américaine lundi, il a été placé en détention provisoire, pour le protéger de toute agression, dans une cellule individuelle à la prison de Rikers Island de New York. Le DG du FMI va devoir attendre qu'une chambre d'accusation décide de l'inculper formellement. Cette procédure devrait intervenir avant vendredi. La justice américaine a motivé l'incarcération par le risque de fuite de DSK, en rappelant qu'il avait été arrêté à bord d'un avion d'Air France qui s'apprêtait à quitter l'aéroport Kennedy de New York. La juge a fait valoir que les rapports préliminaires des experts corroboraient les accusations de la plaignante et que si l'accusé retournait en France, il ne serait pas possible de le faire revenir aux Etats-Unis. Elle a également indiqué qu'une autre enquête était ouverte sur une seconde affaire sexuelle dans laquelle DSK aurait pu être impliqué. Au moment où la presse mondiale s'emballe dans des analyses et autres commentaires sur la véracité des faits, l'identité de la victime et autres aspects de la vie politique en France, l'accusé devra comparaître vendredi devant le Grand jury, une chambre d'accusation de 16 à 23 jurés populaires qui se réunira relativement brièvement, en secret et en l'absence d'un juge, pour entendre les éléments de preuve de l'accusation, et potentiellement le témoignage de la victime. D'ici à vendredi, DSK restera en prison où le procureur devrait livrer plusieurs éléments de preuve à la défense. Aussi, chaque partie pourra commencer à bâtir formellement un dossier. Selon une source proche de la défense citée par le New York Post, les avocats de Dominique Strauss-Kahn pourraient axer leur stratégie de défense sur le fait que la femme de chambre était consentante. Pendant ce temps, l'opinion publique française est prise de panique et plusieurs personnalités et hommes des médias se sont déclarés choqués par la procédure judiciaire américaine et notamment la permission de divulguer des images et des photos de l'inculpé devant le juge. C'est en ce sens qu'un de ses avocats, Me Dominique de Leusse, a prévenu mardi qu'une décision serait prise sur d'éventuelles poursuites contre les médias qui diffuseraient des images de lui menotté. Il a jugé que ces images «vues à la télévision et dans la presse écrite sont contraires» à la loi Guigou «parce qu'elles portent atteinte à la dignité» de DSK et à «sa présomption d'innocence au sens de la loi française». Pour sa part, le Conseil supérieur de l'audiovisuel s'est réuni ce matin pour parler des images diffusées dans les médias. Il appelle les chaînes de télévision à la plus grande retenue dans la diffusion d'images relatives à des personnes mises en cause dans une procédure pénale. Le principe de la liberté d'expression et le droit à l'information ne doivent pas méconnaître le fait que de telles images sont susceptibles de porter atteinte au respect de la dignité de ces personnes. Le président français est sorti de son mutisme hier matin pour demander «hauteur et dignité» aux dirigeants de la majorité dans leurs réactions à cette affaire. Selon un participant à la réunion présidée par le chef de l'Etat, cette affaire n'a été que très brièvement évoquée. «La tonalité est que chacun doit rester dans une ligne de hauteur et de dignité», a-t-il rapporté. La consigne à la majorité est «unité, rassemblement et dignité», a-t-il insisté.