Fini l'incommode et astreignant bitume. A partir de l'année prochaine, les infrastructures routières et autoroutière seront construites en béton de ciment, un matériau qui a déjà fait ses preuves aux Etats-Unis et en Europe, notamment en Allemagne où il a été introduit par Hitler en raison de ses qualités de rigidité et de résistance. C'est ce qu'a annoncé hier Amar Ghoul, ministre des Travaux publics lors d'une journée d'étude sur la construction des routes, organisée conjointement par le ministère des Travaux publics et Cosider à l'hôtel Hilton à Alger. Plus cher que le béton bitumineux, le ciment constitue cependant une réponse satisfaisante au trafic agressif et intense comme celui que connaît l'Algérie où 85% du transport s'effectue par route dont 30% est constitué de poids lourds. Contrairement aux chaussées souples en bitume, les chaussées rigides en ciment ont une durée de vie très importante, de l'ordre de 60 ans en moyenne, selon une étude allemande, soit trois fois plus que la durée de vie des chaussées classiques. En outre, elles nécessitent très peu d'entretien qui ne débute en général qu'après dix ans. Ce qui permet de réduire sensiblement la facture des dépenses d'entretien représentant 80% du coût total d'un projet routier. A long terme, une chaussée rigide coûte donc moins cher qu'une chaussée souple, mais elle a d'autres avantages non négligeables : celui de réduire les problèmes de gêne aux usagers et la multiplication des risques d'accidents et de permettre une économie de 15 à 20% sur le carburant à cause de la rigidité du béton. Le choix du ciment comme matériau de base à la construction des routes est également motivé par le fait que l'Algérie est de moins en moins dépendante de l'importation en la matière. Le bitume est, lui, un produit importé et dont le prix est en augmentation à cause de l'augmentation du prix du pétrole. Selon le ministre des Travaux public, le besoin en ciment de l'Algérie pour les années à venir est estimé à 12 millions de tonnes par an pour les trois secteurs du bâtiment, des travaux publics et de l'hydraulique. Une demande qui sera largement satisfaite, juge de son côté le PDG de Cosider, Lakhdar Rekhoukh, l'égyptien Orascom produisant actuellement 4 millions de tonnes par an, alors que les cimenteries publiques en sont pour leur part à 11 millions de tonnes par an. Selon lui, le béton de ciment pourra être utilisé sur les tronçons qui restent à réaliser de l'autoroute est-ouest. Il pourra également garnir les 3971 km de routes nationales qui sont encore à l'état de piste. La technique sera en outre utilisée pour les infrastructures portuaires et aéroportuaires : c'est le cas déjà pour l'aéroport de Oum El Bouaghi construit récemment par Cosider.