Téhéran poursuivait, hier, ses discussions avec Moscou sur une proposition de Poutine d'enrichissement d'uranium iranien sur le sol russe, alors même que le pays des ayatollahs s'apprête à relancer ses activités nucléaires sensibles. Une délégation russe est à Téhéran depuis le début de la semaine pour des négociations sur le plan Poutine qui offre une honorable voie de sortie aux Iraniens et que soutient la troïka européenne (Grande-Bretagne, Allemagne et France), en charge du dossier de l'uranium avec l'Iran. La proposition de Poutine est même soutenue par les Etats-Unis dont la hantise est de se voir obligés de faire la guerre aux Iraniens alors que l'Irak est loin d'être pacifiée et que gronde partout dans la région des ressentiments antiaméricains. Les responsables iraniens qui n'ont cessé de souffler le chaud et le froid sur ce dossier tenant en haleine l'Occident tout entier, ont affirmé à plusieurs reprises que la proposition russe n'était acceptable qu'à condition que l'Iran puisse procéder à l'enrichissement d'uranium également sur son propre territoire. Ce procédé, que revendique Téhéran au nom de son droit à la technologie de pointe, permet d'obtenir aussi bien le combustible nucléaire qu'une charge atomique. D'autre part, l'Iran a informé l'Agence internationale de l'énergie atomique (Aiea) de son intention de reprendre aujourd'hui ses activités liées à la technologie nucléaire, suspendues il y a deux ans. L'Aiea et les Occidentaux l'ont engagé à ne pas passer à l'acte, en jugeant qu'un tel geste compromettrait gravement la prochaine reprise des négociations entre l'Union européenne et l'Iran sur son programme nucléaire. L'agence internationale craint même que Téhéran ne revienne sur la suspension de ses activités liées à l'enrichissement d'uranium, engagée à partir d'octobre 2003. Assefi, le patron du nucléaire iranien, n'arrête pas de répéter la position de son pays, selon laquelle les Occidentaux devraient faire une distinction entre les activités d'enrichissement à but scientifique et celles à but industriel. Les activités de recherche, qui ne sont pas liées à la production du combustible, se feront sous la supervision de l'Aiea, jurent les Iraniens. Les Occidentaux ne l'entendent pas de cette oreille. Washington, Londres, Berlin et Paris considèrent que la reprise de toute activité liée à l'enrichissement, y compris dans un seul but scientifique, équivaudrait à franchir une ligne rouge et, de ce fait, Téhéran ferait l'objet d'une saisine du Conseil de sécurité des Nations unies, implicitement prévue dans une résolution adoptée fin septembre par le conseil des gouverneurs de l'Aiea. D. Bouatta