Certainement, en tant qu'enseignant associé (depuis plus de 40 ans) dans le domaine de la communication, parallèlement (et en toute transparence) à une longue carrière administrative et de gestionnaire, j'ai été invité dernièrement à participer aux consultations nationales sur les réformes politiques (envisagées) au sein d'un (2e) groupe d'universitaires . Durant le temps imparti, bien court hélas, j'ai fait part de mes observations (plus que de propositions, celles-ci devant , en principe, être faites par les « hommes politiques», élus ou désignés, payés ou chargés pour ce faire). Je ne pensais pas les rendre publiques …mais, un soir, par la suite, après avoir vu et entendu l'encore jeune animateur d'une émission télévisée, un véritable «fonctionnaire de la vérité» (une race que l'on croyait en voie d'extinction) presque malmener des invités débattant des réformes politiques envisagées, invités tous universitaires de qualité et plus que respectables, des intellectuels respectés mais «gentils», je décide de franchir le pas tout en me désolant de voir cette saleté de «confusion des pouvoirs», épidémie déjà si présente à tous les niveaux de notre société politique et associative, contaminer, aussi, ceux qui (les journalistes), en principe, ne devraient être que des éléments dynamiques d'un contre-pouvoir au service de l'intérêt général, de la liberté d'expression et de l'exactitude (la vérité étant une toute autre affaire, celle de Dieu, des prophètes ...et des dictateurs !) Observations concernant les réformes politiques Constitution -1/ Limitation des mandats présidentiels à deux (4 ou 5 ans, peu importe !) avec effet sur les exercices de l'actuel président de la République qui ne pourra prétendre à un quatrième mandat. -2/ Introduction du principe de limitation des mandats (à deux mandats) dans les principes constitutionnels fondamentaux rendant ainsi impossible, quelle que soit la raison avancée, un amendement. Cette démarche pourrait même être reprise pour ce qui est de toutes les fonctions publiques électives. -3/ La liberté d'expression, la liberté de pensée, la liberté de la presse et la liberté d'association sont à inscrire dans les principes constitutionnels fondamentaux et, donc, inamendables Communication -1/ Elaboration préalable d'une loi organique relative à l'information qui reprend les principes-clés de la liberté de la presse. -2/ Mise en place d'une autorité administrative indépendante de régulation de toute la communication, audiovisuelle, y compris (dans un cadre mixte Etat - éditeurs – journalistes – experts). -3/ Rendre obligatoires et urgentes des réglementations particulières dont le suivi et la surveillance sont assurés par l'autorité de régulation. Exemples : l'accès libre et facilité aux sources d'information avec de très rares exceptions bien explicitées et bien définies pour les seuls secrets militaire et économique. Transparence dans la création et dans les comptes économiques et commerciaux des entreprises. Aides à la presse (dont la presse partisane qu'il faut relancer) selon des critères précis. Ouverture rapide du champ audio-visuel en favorisant la seule initiative nationale privée pour la radio et le partenariat étranger (pour la télévision) dans le cadre de cahiers des charges précis. Autorégulation en matière d'éthique et de déontologie des professions de journaliste et assimilées. Organisation des métiers dont le problème de la carte profession. -4/ Limiter l'intervention du gouvernement (et des appareils de l'Etat comme le ministère de la Communication), en matière d'information, à seulement ce qui est lié aux activités gouvernementales, institutionnelles, et à l'étranger (diplomatie et image du pays). On peut ici, soit garder le ministère chargé de la Communication, soit créer un commissariat chargé de la communication gouvernementale…., des études, de la prospective et des dossiers conjoncturels comme le développement des contenus de l'information numérique (l'Algérie étant très en retard). Vie politique - 1 / La seule façon pour le pouvoir (politique dans son ensemble) actuel de renouer le dialogue de longue durée avec les citoyens passe inévitablement, certes par les réformes déjà promises (conditions sine qua non et mise en forme et adoption urgentes et application transparente), mais passe, aussi et surtout, (et au préalable) par une sorte de «confession» publique du premier magistrat de l'Etat reconnaissant l'erreur ou la faute stratégique, ou l'erreur d'appréciation de la situation ou les nécessités du moment, comme cela a été «soufflé» par le SG du RND qui a cité l'exemple américain durant la 2e Guerre mondiale …, quant à l'amendement précédent de la Constitution en matière de mandats. Puis, aussi, s'engager clairement à ne pas briguer un quatrième mandat. - 2/ Généraliser la formule des conseils consultatifs (à présidence tournante annuelle et avec des jetons de présence) à tous les secteurs-clés et délicats de la société (jeunesse, sports, culture, tourisme, collectivités locales, éducation…) qui, sans être sous la «tutelle» d'un ministère, sans être des administrations, sans être transformés en «boîte à lettres» ou «d'enregistrement», auront pour mission de proposer (et non d'imposer) au gouvernement (ou à l'Inesg ou au Cnes….), des solutions à des problèmes de société. Au minimum, rendre obligatoires la publication et la diffusion des rapports élaborés. Favoriser la participation des cadres de la nation retraités encore capables de «penser», d'universitaires confirmés à travers leurs travaux de recherche et de représentants d'associations effectivement actives sur le terrain socio-culturel…..et apolitiques. Université et recherche scientifique - 1/ La meilleure voie pour réintroduire la qualité et l'émulation dans l'enseignement universitaire et la recherche scientifique, c'est de «jeter dans la rue» (comme la Révolution de Novembre 54), dans le sens d'une large diffusion, la production universitaire (cours, mémoires, thèses, études, résultats des travaux entrepris….) grâce aux publications et aux revues universitaires spécialisées et aux sites web (revues et sites régulés par la direction générale de la recherche scientifique du Mesrs ou «managés» par un conseil inter-universitaire consultatif chargé de l'édition et de la diffusion) à rendre obligatoires pour toutes les universités et pour tous les laboratoires de recherche), et ce, en plusieurs langues : arabe, français et anglais. A noter que pour beaucoup d'enseignants et de chercheurs, ce qui existe en Algérie, et même à l'étranger comme canaux de diffusion (les étrangers ayant assez vite été «corrompus» ou ont désormais bien «compris» le système) s'est peu à peu transformé en «chasse gardée», cultivant la médiocrité beaucoup plus que l'innovation.
Belkacem Ahcene Djaballah. Professeur associé à l'Ecole nationale supérieure de journalisme et des sciences de l'information (Ben Aknoun, Alger) Cadre supérieur de la nation à la retraite, ancien directeur au ministère de l'Information et de la Culture, ancien DG de l'ANEP et de l'APS, ancien membre du Conseil supérieur de l'information , Chargé de mission - directeur de l'information à la présidence de la République de mars 1994 à juin 1999