L'annonce de la sécurisation des parkings des plages n'a pas été suivie d'effet. Des jeunes, assurés de l'impunité, menacent des estivants. La semaine dernière, un estivant a failli se faire lyncher sur la plage de Tamentfoust, à Bordj El Bahri, n'était l'intervention d'un commerçant reconnu par les agresseurs. «Des jeunes, munis de barres de fer, m'ont apostrophé sur le parking. Ils m'ont réclamé de l'argent. Devant mon refus obstiné, l'un deux m'a lancé un coup de poing à la figure», raconte Mourad, un habitant de Keddara à Boumerdès, qui s'est retrouvé avec des amis dans cette partie de la ville, où des jeunes constituent une véritable bande. Les estivants et les commerçants «les prennent en horreur», depuis le début de la saison. Les services de sécurité ont annoncé, à grand bruit, que les parkings seront régulés : l'Entreprise de gestion de la circulation et du transport urbain (EGCTU) devait en prendre seule la gestion. Il n'en est rien, les jeunes sont toujours là. «Qui osera les toucher ? Des jeunes s'appuient sur des notabilités locales qui les laissent activer. Le soir, ils se partagent le pactole. Les services de police n'interviennent même pas si des estivants les sollicitent», se désole un commerçant du quartier de Bordj El Bahri, qui voit arriver depuis quelques années une faune de «parkingueurs», qui «ne se sont jamais organisés, malgré les assurances des autorités locales». La décision de réguler cette «activité» s'est manifestée en 2006 avec la circulaire ministérielle portant «mesures d'encadrement des activités de surveillance des parkings de voitures». Des coopératives de jeunes devaient être mises en place. L'expérience pilote menée dans une ou deux communes du centre de la capitale n'a pas donné de résultats. «Les jeunes sont indisciplinés et ne voudraient pas être dirigés par le maire. Ils ne veulent pas s'acquitter de la redevance au profit de la commune, calculée selon le nombre de véhicules et autres», nous a signalé un élu d'une APC du centre-ville, où plus de 300 parkings sauvages ont été recensés. En attendant ces coopératives, c'est l'EGCTU qui devait gérer certaines aires de stationnement. Mais dans certaines parties du littoral, c'est le travail de certains agents de cet établissement de la wilaya qui est dénoncé par des vacanciers, malmenés «dès qu'ils mettent le pied à l'entrée de la plage». A Déca Plage, des agents de l'EPIC ont carrément squatté le rivage. Les estivants, nombreux à choisir cette plage d'Alger est, se trouvent contraints de payer, selon des témoignages concordants, le droit d'accès à des plages supposées être gratuites. Le gouvernement, qui a échoué à réglementer cette activité, a annoncé l'adoption «dans les prochains jours» d'un projet de décret exécutif relatif à l'activité de gardiennage des parkings et des aires de stationnement. Quelques semaines après l'annonce du ministre Daho Ould Kablia, rien n'a été décidé. Les ministres du gouvernement vont prendre un congé bien mérité sans prendre cette mesure. Il est certain qu'ils ne seront pas importunés sur nos plages ou dans les rues de la capitale, puisqu'ils n'y vont jamais. «A-t-on déjà vu un ministre de la République sur une plage populaire ? Jamais», assure, le sourire en coin, un habitant de Raïs Hamidou qui croit avoir aperçu, il y a quelques années, «un wazir» au-dessus de l'esplanade de la Vigie. Simple hallucination…