Passés les premiers instants d'enthousiasme qui ont précédé l'inauguration de la station de transport urbain de Ben Omar, cette gare routière n'a pas tardé à s'enliser séance tenante avec quais et arrêts dans la déliquescence. Comme si les marchands ambulants ne suffisaient pas à la disgrâce de ce relais, voilà que la souillure se met également de la partie comme une malédiction et s'empare de tout l'espace attenant à cette infrastructure. Pis, les décombres des anciens arrêts de bus conçus en éléments de béton armé gisent maintenant sur le talus de la station et en contrebas de la route nationale, au quartier l'Appreval. S'il est vrai que les arrêts de bus et les panneaux indicateurs, œuvre de l'EGCTU, brillent de mille feux, il n'en demeure pas moins que les quais sont d'une impureté repoussante. Cela est dû essentiellement au défaut de corbeilles à papier et aux actes d'incivilité en cascade de certains voyageurs. Et dire que les unités de l'organisme Net Com de la rue Mohamed Garidi se trouvent à quelques encablures de la halte. Le déficit de préposés aux embarcadères n'est pas fait pour faciliter les choses, notamment avec le ralentissement du trafic routier. Les transporteurs s'emmêlent les pneus dans les arrivées, et les usagers ne savent plus à quel appontement se vouer. Les importuns intrépides sont les plus veinards, à l'inverse de la gent féminine qui languit en rade dans l'attente des navettes improbables et irrégulières. Les bousculades sur fond de poussière font le bonheur des pickpockets, qui trouvent ainsi matière à exploiter. Piétiné et indigné, un père de famille ne cache pas sa colère face à de tels dérapages : « C'est à se demander si on a affaire à des adultes. La priorité est donnée en principe aux femmes en de pareilles circonstances. » Autres temps, autres mœurs. Il ne fait pas bon non plus s'attarder sur les débarcadères en fin de journée. L'éclairage est faible et les lueurs blafardes des réverbères ajoutent un peu plus de tristesse au sentiment d'insécurité. D'autant plus que la station est infestée de gens malintentionnés. Pour preuve, cet énergumène qui exhibait un objet contondant. Les premiers passagers à en pâtir sont évidemment les femmes, pour la plupart des fonctionnaires et des étudiantes. Terrorisée, une jeune femme n'a pas hésité à appeler son frère à la rescousse à l'aide de son mobile pour venir la chercher. « C'est à se demander où sont passés les agents de sécurité, alors que le commissariat de police se trouve à quelques mètres de la station ! », s'écrie cette dame apeurée. L'Egctu tout comme Net Com et l'APC sont vivement interpellées pour remédier à ces lacunes qui menacent la santé et la sécurité des voyageurs. Il n'est pas aisé de recueillir l'avis des responsables communaux. Ce qui n'est pas fait pour retarder un constat qui fait l'unanimité sur les quais, car il y a péril dans la gare.