En grève depuis 17 jours, les propriétaires de bus de transport public de voyageurs ont procédé, hier, à la fermeture de la RN12 en quatre endroits différents pour protester contre leur transfert de l'ancienne gare routière vers la nouvelle, à Bouhinoun, sur la rocade sud de la wilaya de Tizi Ouzou. Des centaines de bus ont été déployés sur l'axe routier, à l'est et à l'ouest, mais aussi aux deux autres entrées de la ville pour exiger la réouverture immédiate et sans condition de la gare du centre-ville de Tizi Ouzou. Cette action de protestation peu commune a suscité l'étonnement des usagers de la route mais leur a surtout causé des désagréments pendant de longues heures. En effet, le débrayage a créé d'énormes embouteillages et des perturbations de la circulation routière durant la journée au chef-lieu de wilaya, qui ont eu un effet contraignant sur la circulation même dans les rues de la ville. L'interminable file des bus a totalement bloqué les voies de la rocade dans les deux sens. L'accès à la ville des Genêts était impossible. Plusieurs fonctionnaires n'ont pas pu arriver à l'heure à leur travail. Cette action de protestation silencieuse (pas de klaxon, moteurs éteints) n'a pas provoqué de réaction chez les autorités locales. Aucune mesure n'a été prise pour débloquer la situation. Les chauffeurs, l'air distrait, ont annoncé leur détermination à poursuivre leur protestation. «Rendez la gare routière de Tizi Ouzou aux voyageurs et aux transporteurs», pouvait-on lire sur une banderole déployée sur un bus stationné près de la gare de Bouhinoun, objet de rejet des transporteurs. Parlant au nom de ses collègues, M. Talmat, membre du collectif des propriétaires de bus de transport public de voyageurs, a déclaré : «Notre action de protestation a pour objectif la satisfaction de la revendication suivante : nous voulons revenir à l'ancienne gare routière du centre-ville de Tizi Ouzou. Nous demandons une gare routière digne de ce nom. La nouvelle gare de Bouhinoun n'offre pas la moindre commodité à l'exercice de la profession. Elle est située dans un endroit isolé, sans issues et dépourvue du minimum de conditions pour l'accueil des voyageurs. Elle est tout simplement une gare ferroviaire.» Un chauffeur prend la parole et ajoute : «Nous ne sommes pas contre le développement de notre région, bien au contraire. Nous sommes toujours disposés au dialogue avec les autorités pour trouver une issue au problème. Mais nous refusons catégoriquement de rallier une gare ferroviaire qui n'est pas conçue pour le transport des voyageurs par route.» Il déplore en outre l'adoption d'un nouveau plan de circulation au chef-lieu de wilaya sans concertation avec les transporteurs de voyageurs. Il est à signaler que la grève des transporteurs entame sa troisième semaine et le désarroi des voyageurs qui font le déplacement quotidiennement vers Tizi Ouzou ou en dehors de la ville perdure. Les bus étaient toujours alignés, hier en fin de journée, sur la rocade sud.