Photo : M. Hacène De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad Des dizaines de bus de transport public de voyageurs ont bloqué, tôt dans la matinée d'hier, les principaux accès de la ville de Tizi Ouzou, dans une autre action radicale de protestation contre la délocalisation «hâtive et sans concertation» de la gare routière par les services de la Direction des transports de la wilaya de Tizi Ouzou. Les transporteurs, qui sont à leur quatrième semaine de colère et d'action, ont maintenu leur initiative malgré l'appel au dialogue lancé par leur tutelle cette semaine. Cette dernière a néanmoins exclu tout retour en arrière concernant le cœur du nouveau plan de circulation de la ville de Tizi Ouzou, à savoir la délocalisation de la gare routière vers la nouvelle gare «multimodale» de Bouhinoune, à la périphérie du chef-lieu de wilaya. La direction des transports de la wilaya de Tizi Ouzou s'était montrée ouverte à la conceration sur les points concernant les commodités de la nouvelle gare, les tarifs, etc., mais n'a pas accepté de discuter du principe du retour à l'ancienne gare, située à la sortie ouest de la ville de Tizi Ouzou, et est restée ferme sur cette question durant toutes les tentatives de conciliation entre les deux parties. Tôt dans la matinée, premier jour de semaine, les propriétaires de bus ont investi plusieurs accès importants de la ville de Tizi Ouzou, créant ainsi un embouteillage monstre sur la RN 12, la plus fréquentée de la région de Kabylie, poussant la quasi-totalité des usagers à rebrousser chemin ou à trouver une «variante» à l'itinéraire passant par la route bloquée, pour aller vers Alger, à l'Ouest, ou vers les wilayas du l'Est du pays. Beaucoup de voyageurs sont descendus des véhicules de transport public pour continuer à pied jusqu'au chef-lieu de wilaya, sous un soleil de plomb, pour ensuite tenter de trouver une autre navette pour leur destination du jour. Dans un appel placardé en ville et dans plusieurs localités de la wilaya de Tizi Ouzou, le collectif des transporteurs considère la décision du directeur des transports comme «une façon de vider la ville de Tizi Ouzou des villageois des villages environnants, (et que) cette décision fait partie d'un plan orchestré». Les transporteurs s'estiment autant victimes que les voyageurs de cette décision qu'ils assimilent à «un retour à l'époque coloniale, quand cette ville était entourée de barbelés.»