En proie à une crise profonde depuis plusieurs mois, la Grèce risque d'être éjectée de l'Union européenne. A présent, c'est un économiste allemand de renom qui vient de lancer le débat, mais dans les jours à venir, la question risque d'être posée au sein des institutions et des Etats de l'UE. Le président de l'un des instituts d'études les plus réputés d'Allemagne s'est, en effet, prononcé samedi dernier pour «une sortie temporaire de la Grèce de la zone euro», estimant que le pays était en faillite depuis un an. «Il est mieux pour toutes les parties impliquées, en particulier pour la Grèce, que le pays sorte temporairement de la zone euro», écrit le président de l'institut IFO, Hans-Werner Sinn, dans une tribune pour le magazine Wirtschaftswoche. «La Grèce est depuis un an déjà en faillite», ajoute le dirigeant de cet institut de tradition libérale. Une sortie de la zone euro lui permettrait de «déprécier» sa monnaie, de redevenir compétitive et d'entrer à nouveau dans la zone avec un taux de change modifié». Pour cet économiste, la Grèce est quasiment dans la même situation économique que l'Allemagne avant l'arrivée d'Adolf Hitler au pouvoir le 30 janvier 1933. «C'est pareil que l'Allemagne sous Brüning», chancelier de la République de Weimar qui gouverna de 1930 à 1932. A l'époque, rappelle ce professeur d'économie, «les prix en Allemagne ont baissé de 23% entre 1929 et 1933, les salaires de quelque 30%. Le pays était au bord de la guerre civile». Les images d'Allemands, victimes de la crise de 1929, allant acheter leur pain avec une brouette de billets de banque, sont restées très présentes dans les mémoires. Cette crise sans précédent est l'une des raisons avancées pour expliquer l'arrivée des nazis au pouvoir. Pour que la Grèce redevienne compétitive, le pays doit devenir «20 à 30% moins cher», selon lui, ce qui n'est pas possible avec l'euro, car alors Athènes devrait baisser des millions de salaires et de prix. 3,2 milliards d'euros débloqués «Les responsables politiques qui croient que la Grèce peut se redresser avec un plan d'économies sous-estiment les risques», a-t-il ajouté. La sortie de cet économiste allemand intervient au lendemain de la décision du FMI de débloquer la cinquième tranche de son prêt à la Grèce, soit une somme de 3,2 milliards d'euros. En effet, l'institution de Bretton Woods a annoncé vendredi dernier qu'il débloquait la cinquième tranche de son prêt à la Grèce, pour un montant de 3,2 milliards d'euros. Le FMI a indiqué dans un communiqué que son conseil d'administration avait voté pour mettre cette somme à la disposition d'Athènes, dans le cadre d'un prêt de 30 milliards d'euros accordé en mai 2010. La directrice générale du Fonds, Christine Lagarde, citée dans le communiqué, a affirmé que la Grèce ne se sortirait de la crise dans laquelle elle est plongée que si les créanciers privés participaient à son sauvetage. «La viabilité de la Grèce dépend essentiellement d'une mise en oeuvre vigoureuse et dans les délais du programme d'ajustement, sans laisser de place aux dérapages, de la poursuite du soutien des partenaires européens et de l'implication du secteur privé», a-t-elle expliqué. Elle a encouragé le gouvernement grec à rester ferme. « Le programme donne des résultats importants : le déficit budgétaire est en train de baisser, l'économie de se rééquilibrer et la compétitivité de s'améliorer », a affirmé Mme Lagarde. «Cependant, avec beaucoup de réformes structurelles toujours à mettre en oeuvre, des défis considérables demeurent pour la politique économique », a-t-elle ajouté.