La grève n'est pas une démonstration de force. Les enseignants ont opté pour cet ultime recours parce qu'ils ne peuvent plus supporter le comportement arrogant du ministre de l'Education nationale », ont souligné, hier, les représentants de la Coordination intersyndicale de l'éducation nationale (CLA, Cnapest, Unpef, Satef et Sete de Béjaïa, UGTA), lors d'un point de presse animé au siège de l'Union nationale du personnel de l'éducation et de la formation (Unpef). La coordination a décidé, conformément à la loi, de déposer, hier, au ministère de l'Education nationale un préavis de grève de deux jours pour les journées des 15 et 16 janvier pour la satisfaction de quatre revendications essentielles, à savoir l'augmentation des salaires pour toutes les catégories des travailleurs, la promulgation du statut particulier pour les travailleurs de l'éducation, la retraite à 100% et le respect du libre exercice syndical et du droit de grève. La coordination interpelle, encore une fois, le ministre pour l'ouverture d'un dialogue sérieux et objectif. « Si M. Benbouzid accepte d'ouvrir les portes du dialogue aux représentants de la coordination, nous suspendrons la grève. Si à l'issue des négociations, nous obtenons des résultats positifs, nous annulerons le mouvement de débrayage. Mais dans le cas contraire, nous relancerons notre action », expliquent les représentants de la coordination qui sont, quelque part, persuadés que M. Benbouzid ne choisira pas l'option de la négociation. C'est d'ailleurs pour cette raison, disent-ils, qu'ils sont déterminés à aller jusqu'au bout de leur action. Les représentants de la coordination ont, à titre de rappel, indiqué qu'ils se sont adressés publiquement au ministre de l'Education sur leur intention d'aller vers une grève. Celui-ci a refusé toute forme de négociation. « L'expérience antérieure a démontré que seuls l'engagement des travailleurs et leur mobilisation sont à même de créer les conditions d'ouverture du dialogue social pour faire aboutir nos revendications légitimes. En conséquence, nous observerons avec force la grève des 15 et 16 pour rendre possibles la prise en charge de nos revendications et la résolution de nos problème. Nous invitons, à cet effet, l'ensemble des travailleurs du secteur à prendre part à cette action », diront les représentants de la coordination. Ces derniers sont pour une confrontation intellectuelle des idées et sont convaincus que si M. Benbouzid s'obstine à ignorer la coordination, les problèmes vont se multiplier et la situation tournera au pourrissement. Les enseignants, selon les animateurs de la conférence, vivent dans la misère la plus totale. Ils ne peuvent même pas subvenir aux besoins de leur famille, leur salaire n'ayant pas été augmenté depuis 1997, alors que leur pouvoir d'achat n'a cessé de se dégrader. Les enseignants, les travailleurs des corps communs et le personnel de l'administration de l'éducation nationale n'ont pas de statut particulier qui leur garantit une véritable carrière tandis que leur mission au service de la nation est d'une importance décisive. « Le système de retraite qui nous est appliqué ne prend pas en charge les sujétions physiques et nerveuses que nous subissons. Pis encore, le libre exercice du droit syndical et du droit de grève est sérieusement menacé dans notre secteur. Il est temps pour nous de réagir et d'agir. Normalement, nous n'avons pas besoin de rappeler au ministre que l'enseignant vit dans des conditions lamentables. Le ministre est au courant de notre situation, mais... » L'intersyndicale s'inscrit dans la continuité, puisque les syndicats envisagent d'autres actions après le débrayage des 15 et 16. Les représentants de cette organisation estiment qu'il n'y a aucun différend entre eux. « La misère arrive à unir les gens. C'est l'attitude de M. Benbouzid qui a contribué à consolider la base des travailleurs de l'éducation. Le premier responsable du secteur a réveillé en nous le sentiment de rage. Cependant, M. Benbouzid redoute aujourd'hui notre mobilisation et essaye par tous les moyens de diviser l'intersyndicale. Le secteur renferme 600 000 travailleurs, ces derniers sont pratiquement tous pour la grève. Nous allons paralyser les établissements des trois paliers. Ce fait affole le ministre de tutelle », a affirmé un représentant de la coordination. Pour ce qui est du Sete de Béjaïa, un syndicat affilié à l'UGTA, son représentant M. Bekhouche a souligné que l'adhésion à la coordination a été décidée par 400 syndicalistes, et ce, lors d'une conférence de wilaya. A noter que le Syndicat national des travailleurs de l'éducation (Sete) s'est démarqué de la coordination intersyndicale et fait cavalier seul. Le premier responsable du SNTE, M. Boudjenah, a annoncé hier le dépôt d'un préavis de grève de deux jours pour également les 15 et 16 janvier.