Le trafic aérien a été fortement perturbé, hier, au second jour de la grève enclenchée par les membres du personnel navigant commercial de la compagnie Air Algérie. Conséquence : grosse pagaille, grande déception et colère mal contenue des voyageurs bloqués à l'aéroport international d'Alger. Dès le matin, beaucoup de familles, avec enfants et personnes âgées, sont regroupées dans le hall du terminal 1 de l'aéroport, assises à même le sol ! Sur les tableaux d'affichage, la quasi-totalité des vols en partance d'Alger sont «retardés». Or, il ne s'agit là que d'un euphémisme trompeur pour ne pas affoler davantage les voyageurs. Certains sont venus se plaindre bruyamment auprès des agents de la compagnie ; d'autres réclament des explications. Les employés d'Air Algérie ont beaucoup de mal à rasséréner des voyageurs, dont le moral était en berne. «Je devais embarquer à 11h en direction de Paris, deux heures après rien ne se profile. Personne n'est là pour nous orienter, on nous dit seulement d'attendre», peste Salim, la trentaine. Comme lui, ils sont des centaines à errer comme des ombres dans le hall de l'aéroport. Mohamed y a passé la nuit, puisque son vol de lundi en direction de Lyon a été annulé. «Je pensais que la situation allait s'améliorer et que je pourrais embarquer ce matin (hier, ndlr). Finalement, il n'en est rien. C'est révoltant ! On est livrés à nous-mêmes», dénonce ce père de famille. Non loin, accompagnée de son fils, une femme, traînant difficilement son chariot, déverse sa colère sur un employé d'Air Algérie : «C'est la dernière fois que je voyage dans un avion de votre compagnie. C'est indigne pour une compagnie dite nationale.» Celui-ci tente de la rassurer, en vain. De nombreux passagers bloqués s'accordent à fustiger une grève enclenchée en cette période de vacances. «Le timing n'est pas fortuit. Les grévistes veulent faire pression sur leur employeur. Au final, c'est nous, pauvres voyageurs, qui sommes pris en otages. C'est du chantage sur le dos des voyageurs», s'attriste Salim. Pour tenter de contourner la grève, la direction générale de la compagnie improvise. «Nous avons pu caser une cinquantaine de passagers en direction de Madrid sur un vol de la compagnie Iberia Airlines», affirme une employée d'Air Algérie. Directeur des opérations au sol, Abdelhak Tobal a estimé à la radio que les vols de la compagnie étaient toujours «perturbés» mais «certains en partance d'Alger, de Sétif (Est) et d'Oran (Ouest) à destination notamment de la France et de Londres ont pu être été assurés». La direction de la compagnie a tenté également d'affréter des vols pour mettre fin au supplice des milliers de passagers bloqués dans les différents aéroports du pays, selon M. Tobal. Contacté par nos soins, Yacine Hamamouche, président du Syndicat national du personnel navigant commercial d'Air Algérie, a affirmé que «tous les vols, domestiques ou internationaux, ont été quasiment annulés». A peine si 5 ou 6 vols internationaux ont été assurés à la mi-journée, selon lui. «Pour casser la grève, ils ont fait appel à des compagnies étrangères», dénonce-t-il, non sans imputer l'échec des négociations entre le syndicat et la direction générale au staff du nouveau PDG de la compagnie. «La grève ne s'arrêtera qu'avec la reprise des négociations», prévient-il. Au chapitre des revendications, les grévistes exigent une augmentation de salaire de 106%, mais le PDG d'Air Algérie avait indiqué lundi que la situation financière dans laquelle se trouve la compagnie ne permet pas d'accorder une telle hausse. M. Boultif était favorable à augmenter de 20% les salaires de l'ensemble du personnel.