Après sept ans de règne, le président de la République a effectué sa première visite officielle de travail, le 19 septembre dernier à Tizi Ouzou, dans le cadre de la campagne qu'il a menée sur la charte pour la réconciliation nationale. Les observateurs et la population locale attendaient du Président des gestes forts en faveur d'une région ébranlée par quatre années de crise. Les partisans du Président le criaient sur tous les toits mais le jour J, il n'en fut rien. Bouteflika, à qui on a présenté une Kabylie acquise, à la faveur du dialogue sans fin entre Ouyahia et les archs, a découvert que même s'il y avait des applaudisseurs de circonstance, la Kabylie a gardé intacte son âme rebelle. Contrairement aux autres wilayas du pays, Bouteflika n'a pas eu son bain de foule à Tizi Ouzou. Dans le stade du 1er Novembre, où des milliers de personnes ont été ramenées d'un peu partout pour l'applaudir, Bouteflika a été chahuté par des dizaines de jeunes, dont des étudiants. Ces derniers se sont d'ailleurs fortement mobilisés à l'université Mouloud Mammeri au point de contraindre les organisateurs de la visite à annuler l'étape consacrée à cette institution. Ce jour-là, Bouteflika a dit beaucoup de choses. Il a parlé du terrorisme, de la réconciliation, de la France et d'autres sujets mais il a oublié de dire un mot aux victimes des sanglants événements qui ont secoué la Kabylie en 2001. Tout ce qui a trait à la région, à ses revendications, il l'a dit à... Constantine.