C'est une véritable boule de nerfs. Une pile Wonder ! Il déborde d'énergie malgré la patente du temps. 71 ans au compteur. 63 ans de carrière artistique. Il jure avec la gérontologie. La preuve ! Mohamed Lamari, le crooner des années 1970, l'auteur de Rana H'na, est venu, «himself» à la rédaction d'El Watan, sans jeu de mots, «faire l'article» de son nouveau produit et nous offrir un présent, un coffret de CD résumant sa carrière et en prime, une «pêche», une «patate» d'enfer filant des complexes au jeunisme. Reçu dans la salle de réunion de rédaction, Mohamed Lamari a les yeux qui brillent. D'ailleurs, ses «blue eyes», comme dirait Elton John, ont séduit une journaliste passée le saluer. C'est que Mohamed Lamari a un fan-club, non ! Un «femmes-club». Il se sent pousser des ailes pour ne pas dire des «airs» à l'issue de la sortie de son anthologie. Un coffret de 56 chansons. Son histoire ! His… story ! Et pour cause ! Cette fébrilité qui l'anime. C'est la première fois de sa vie où il se sent fier de retracer sa discographie, exhiber le booklet (livret) signé par le journaliste et musicologue Abdelkader Bendaâmache, commenter les titres, non sans passion, et immanquablement avec nostalgie. Et de remercier Mme Khalida Toumi, ministre de la Culture : «C'est grâce à madame la ministre que j'ai pu réaliser ce coffret. Elle m'a aidé et soutenu…». Mohamed Lamari est heureux de rappeler son pedigree et ses records. IL A TOUJOURS LA BARAKA «J'ai fait trois fois le tour du monde. J'ai été reçu par 22 chefs d'Etat. Nkrumah, Sékou Touré, Hafed El Assad, Hassan II, Tito, Bourguiba… J'ai dormi dans la maison de Walid Joumblat en 1976, durant la guerre civile, au Liban… Je chante dans huit langues, notamment en hongrois, russe, espagnol… Je me suis produit en concert devant 100 000 personnes, au stade du 5 Juillet, à Alger, en 1985, lors du match opposant l'Algérie à la Zambie. Et puis, j'ai fait la troisième campagne électorale du président Abdellaziz Bouteflika. C'est un choix. Et je respecte celui des autres…». CAUTION DE FARID EL ATTRACHE L'auteur de la chanson Che (Guevara) est exubérant. Il nous délectera d'un a capella pour nous démontrer qu'il reste Le ténor de La Casbah (le beau livre et biographie de Abdelkrim Tazaroute). «Ma voix, c'est un don de Dieu. Elle est en sol mineur. On ne triche pas avec une voix. Si c'était à refaire, je referai la même carrière… J'ai refusé, en 1963, une carrière internationale, chez Pathé Marconi. Je devais être affublé du nom d'artiste : Harry Lamy. Genre, crooner de bossa nova… Je suis un patriote. J'ai fait les scouts avec Ali Maâchi, un nationaliste. On est de la même ‘‘race''». De surcroît, Mohamed Lamari est pétillant d'anecdotes avec des légendes de la musique arabe comme Abdelhalim Hafez, Farid El Attrache qui, l'ayant écouté chanter du tarab arabi, lui dira ceci : «Si je te donne une de mes chansons, je ne pourrai plus chanter…». C'est sûr, Mohamed Lamari est entier, sa voix est intacte et puis, c'est un «papy», un vieux briscard qui fait de la résistance ! Lui qui était progressiste et qui avait chanté en duo Africa avec Myriam Makeba, en 1972…
-Mohamed Lamari Anthologie de la musique algérienne Coffret de 10 CD 56 chansons -Lamari, le ténor de La Casbah de Abdelkrim Tazaroute Editions Rafar( 2010)