Dans le but d'apaiser les critiques contre le pouvoir et répondre aux attentes des manifestants qui campent depuis une dizaine de jours sur la place Tahrir au Caire, réclamant notamment la mise à l'écart de personnalités jugées proches de l'ancien pouvoir, l'armée égyptienne a consenti à revoir en profondeur la composante du gouvernement de Essam Charaf et de donner plus de prérogatives aux tribunaux civils. La mobilisation citoyenne est payante en Egypte. Après un bras de fer de plusieurs jours, le Conseil suprême des forces armées, qui dirige actuellement le pays, a annoncé, hier, avoir accédé à l'une des principales revendications des manifestants de la place Tahrir : la limitation du recours aux tribunaux militaires pour juger les civils. Les viols, les agressions de policiers et les attaques armées seront désormais les seules affaires qui seront du ressort des tribunaux militaires. Autres temps, autres habitudes : l'armée égyptienne a fait son annonce sur sa… page facebook. La multiplication des procès de civils devant des tribunaux militaires est, rappelle-t-on, l'une des raisons qui ont poussé des milliers d'Egyptiens à redescendre dans la rue pour réclamer de réelles réformes. De nombreux Egyptiens reprochent au gouvernement de transition et à l'armée de manquer de fermeté pour faire juger les dignitaires de l'ancien régime et les policiers responsables de la répression lors du soulèvement de janvier-février qui a fait officiellement près de 850 morts. Dans le but d'apaiser aussi les critiques contre le gouvernement de transition et de répondre aux attentes des manifestants qui campent depuis une dizaine de jours sur la place Tahrir, au Caire, et réclament notamment la mise à l'écart de personnalités jugées proches de l'ancien pouvoir, Essam Charaf, le Premier ministre égyptien, envisage de son côté d'opérer un vaste remaniement gouvernemental avec des changements déjà prévus aux Affaires étrangères et aux Finances. C'est probablement aujourd'hui (lundi) que M. Charaf annoncera la composition de sa nouvelle équipe. M. Charaf, rapporte la presse égyptienne, s'est déjà choisi, samedi, deux adjoints à la tête du gouvernement : un économiste expérimenté, Hazem Beblawi, et Ali Al Silmi, un membre influent du Wafd, un parti libéral de l'opposition du temps du président Moubarak. Ils remplacent le Premier ministre adjoint, Yahia El Gammal, qui a démissionné dans la semaine. M. Beblawi supervisera la politique économique dans le futur gouvernement remanié et M. Silmi sera chargé des questions liées à la «transition démocratique». M. Beblawi cumulera également ses fonctions avec celles de ministre des Finances, un poste détenu par Samir Radwane, démissionnaire après avoir connu des déboires avec un projet de budget revu de fond en comble à la demande des militaires. Le ministre des Affaires étrangères, Mohammed Al Orabi, a, quant à lui, annoncé dès samedi soir sa démission. Diplomate de carrière et ancien ambassadeur sous Hosni Moubarak, M. Orabi était jugé par nombre de manifestants comme proche du régime renversé le 11 février dernier. En tout, une quinzaine de ministres pourraient être remplacés. Le gouvernement de M. Charaf est, rappelle-t-on, chargé de gérer la transition jusqu'aux élections législatives qui doivent avoir lieu en octobre ou novembre sous la tutelle du CSFA. Une grande partie de la population accuse néanmoins le pouvoir de faire traîner les réformes démocratiques et sociales promises. Les mêmes reproches sont également faits à l'armée, qui est de plus en plus ouvertement critiquée.